Vue sur l'un des deux ponts de Rishikesh
Cindya, moi et Eva, Spanish team!
Me voici de retour à Rishikesh pour un WE improvisé à la dernière minute, cédant à l'insistance de Cindya et Eva qui souhaitaient y passer Holi, jour férié en Inde. Holi, c'est la fête des couleurs, au moins autant célébrée que Diwali, la fête des lumières. La fête des couleurs, c'est à dire que tout le monde vous balance des seaux de couleurs flashy dans la rue, de même que des bombes d'eau, et parfois des oeufs.
Je suis toute excitée, retour à Rishikesh, la ville des babas et de la glandouille, la ville où le Ganges est encore propre et limpide, mais surtout, la ville du Little Budha Café...
Le Gange
Mais le chemin allait être long jusqu'au petit-déjeuner du Budha, les fesses paisiblement posées sur un pouf coloré, les oreilles remplies d'une musique douce et relaxante. Dolce Vita.
Samedi soir; retour du boulot, Cindya et moi attrapons nos sacs et passons prendre Eva. Dans le rickshaw, un doute terrible nous saisit; il passe où au fait ce bus?! Après avoir tenté sans succès de joindre nos collègues de bureau (qui ont fait la réservation), Eva a la bonne idée d'appeler le numéro de l'agence indiqué sur le ticket, et de passer le téléphone au chauffeur de rickshaw (notre niveau d'hindi ne nous permettant pas encore de soutenir une conversation). Le chauffeur est tout gentil et nous aide à trouver "l'arrêt" de bus, qui était bien caché...
Retour aux sources, mon Budha bien aimé
Enfin, nous voilà entourées d'un paquet d'Indiens qui, eux aussi, attendent un bus. Un petit tour au KFC en attendant l'heure, puis, à 21H05, un bus s'approche, un beau bus Volvo, chouette alors... La foule s'approche, nous aussi, mais on nous repousse comme des mouches agaçantes, ce bus ne va pas à Rishikesh... Déception, nous attendons, attendons... quand soudain, quelqu'un vient nous chercher. "Rishikesh?" "Yeah" "Follow me, the bus is right there"... En montant dans la petite chose blanche et bancale, j'ai comme un doute: c'est complètement vide!!! "Full of tourists, later", nous dit la petite voix indienne. Ok... nous prenons donc place à l'arrière du bus, pour avoir plus de place, car, admettons-le, ça n'a rien d'un bus de luxe!!!
30 minutes plus tard...nous sommes stationnés, je comate .... enfin, nous apercevons par la vitre un groupe de blancs, autant de candidats pour remplir notre bus-pas-de-luxe pour Rishikesh. En effet, Autrichiens, Israéliens etc montent dans une joyeuse fanfare dans le véhicule branlant.
2H plus tard... nous sommes toujours stationnés, un peu plus loin dans Delhi. Je comate moins, j'en ai marre: il est minuit et nous sommes toujours à Delhi!! Nous l'avons compris après, il faut attendre le convoi qui revient de Rishikesh et échanger nos bus avec les gens sur le retour. L'espoir revient d'avoir un vrai bus deluxe... mais s'évanouit aussitôt le pied posé dans notre nouveau véhicule. Impossible de squatter la banquette arrière cette fois, nous sommes placés et le bus est plein. A minuit et demi donc, nous repassons, pour la deuxième fois de la soirée, devant l'Indian Gate de Delhi, serrées comme des sardines dans notre petit bus pourri...
La route fut épique; je sais, de par mon travail et mes quelques expériences de voyage en Inde, que les routes sont mauvaises (comptez 40 km/H en moyenne), mais je ne m'attendais pas à tant de bosses, de trous, de graviers qui crissent sous la roue. Je ne ferme pas l'oeil de la nuit, dès que le sommeil veut prendre le dessus, une bosse m'éjecte de mon siège et me réveille en sursaut. Un arrêt pipi/chhay (thé)/dhaba (restaurant) sur la route nous donne l'occasion de connaître une petite Indienne toute mimi, qui m'offre sa petite bague dorée (très moche et qui ne me va qu'au petit riquiqui, mais comment refuser un tel don?!).
Enfin, nous arrivons à Rishikesh, sous un ciel venteux et un peu frileux. Quelle joie de sortir de ce fichu bus et de se dégourdir les jambes! Un jeune homme huché sur le toit du bus lance des seaux d'eau sur les flancs du véhicule pour effacer les traces qu'ont laissé certaines personnes au coeur mal accroché...
Malgré le vent, nous grimpons les marches du ghat pour admirer le Gange si limpide, si calme, si beau. C'est très émouvant, mais le vent froid nous pousse à filer prendre un rickshaw pour monter au haut de la ville, là où se nichent hôtels et boutiques. Je mène les filles à la guest house où j'étais restée la dernière fois; chambres modestes mais confortables, avec vue sur le fleuve. Malheureusement, l'hôtel affiche complet. Nous migrons donc vers "l'autre rive", un hôtel de l'autre côté de la rue, sans vue sur le fleuve sacré donc. Les cafés étant fermés à cette heure matinale (Rishikesh est une ville qui se lève tard... je vous l'ai dit déjà, une vraie ville de baba cool), nous prenons possession de la chambre pour une sieste bien méritée.
Quelques heures plus tard, je me réveille. Eva et Cindya dorment encore. J'ai froid et faim, je rêve d'un p'tit-dej au Budha, alors je m'arme d'un bouquin, je griffonne une note aux filles et je quitte la chambre sans bruit. Il n'y a encore personne dans mon paradis, j'ai tout le loisir de choisir ma table; je me cale confortablement dans un coin qui donne sur la rue. Le jeune serveur, que je reconnais, vient prendre ma commande assez... conséquente!!!
(ils fumaient d'énormes cônes)
Après le petit dej, qui fait office de déjeuner pour moi tellement j'ai mangé, nous partons explorer un coin de Rishikesh que je ne connais pas encore. Nous voulons repérer les lieux de la puja du soir. Nous marchons, il fait beau désormais, chaud même, et découvrons sur notre route des gens très différents, des un peu fous qui nous touchent les mains, des vendeurs de toutes choses, d'autres avec des charrettes de fruits colorés, des vendeurs de glaces, des sadhus vêtus d'orange, des fumeurs de marijuana assis sur des bancs, des mendiants, etc. C'est tellement agréable, je prends plein de photos, voulant, comme d'habitude, emporter avec moi cette multitude d'images, toutes ces scènes de vie propres à l'Inde et qui sont autant de souvenirs pour plus tard.
Nous arrivons au coeur de la ville, près du deuxième grand pont de Rishikesh. Restaurants, temples et, bien sûr, les ghats. C'est là où aura lieu la cérémonie de ce soir. Des petits bouts de papiers brillants suspendus un peu partout remuent avec la brise; c'est sans doute pour la fête de Holi qu'on les a accrochés.
Les filles s'arrêtent pour déjeuner à 15H; étrangement, je n'ai pas faim... Nous retournons à l'hôtel, puis à la puja, mes pieds me font mal de tant de marche dans des claquettes que je n'ai pas remises depuis l'année dernière!
La puja est magnifique et émouvante. Un Indien se retourne pour me dire que le "musicien" qui s'occupe de l'animer est un "DJ" reconnu en Inde. C'est bon de se laisser bercer par toute cette ferveur religieuse, beaucoup plus joyeuse et animée que nos messes. Les Indiens sont vraiment dedans, et je les observe faire leurs rituels habituels: allumer des bougies, se bénir avec le feu, tourner autour d'un arbre en feu, s'asperger de l'eau du Gange, chanter...
Coucher de soleil sur le Gange, sous la protection de Shiva
Je me sens très fatiguée, tout à coup, à plat. Je m'endors presque à la fin de la puja, assise sur la marche d'un escalier du ghat. Alors que nous marchons à la recherche d'un restaurant pour dîner, j'ai à moitié faim, à moitié mal au ventre. Je décide que j'ai très faim, et je commande deux petits plats, des légumes et de l'houmous, plus des momos (raviolis vapeur tibétains) qu'on se partagent à trois. La soirée s'achève au Budha Café, par un dessert ou une boisson. Je rentre à l'hôtel, je me sens mal, j'ai beaucoup trop mangé, je n'avais pas si faim, finalement... Une nuit passée allongée sur le carrelage de la salle de bain, un livre à mes côtés, "au cas où" mon estomac cesserait d'être conciliant, m'achève.
Rassemblement pour la Puja (la prière)
Et voici comment j'ai passé Holi Au-Lit. Impossible de me lever le lendemain, et de partir faire la fête dans les rues... J'entends les cris joyeux semblables à ceux d'enfants dans une cour de récréation. La ville est en émoi, toute agitée. De temps à autres, les filles repassent dans la chambre d'hôtel où je gis comme une loque, elles sont couvertes de couleurs de la tête aux pieds!! C'est incroyable, j'avais beau le savoir, je ne m'imaginais pas ça comme ça!!!
En fin de journée, je vais mieux mais suis toujours faible, et il est impensable pour moi de reprendre un bus local. L'hôtel nous arrange donc un taxi, et ça n'est pas si cher au final, 2500 INR pour trois, pour une ambassador. Du coup, c'est parfait, 5-6H de route et nous sommes à Delhi, ce qui nous laisse l'opportunité de passer la nuit dans notre lit et non dans le bus. Les filles sont toujours arc en ciel malgré la douche, et resteront avec les cheveux roses des jours durant...