
Cela fait quelques soirs que ça dure; des pétards à la nuit tombée, des feux d'artifices à la nuit noire, des temples illuminés à tour de rôle, souvent veillés par une grande figure d'ampoules colorées qui brillent dans la nuit. Serait-ce à cause de la pleine lune, ou fête t-on les Dieux pour une occasion particulière, je ne sais pas, mais j'entends bien les prières...
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C'était une soirée paisible dans un jardin qui l'est tout aussi, petit havre de paix en plein Vaitheekupam, mon petit village de pêcheurs. La soirée marquait le départ de notre Claudia pour d'autres horizons. Tout à coup, des tambours viennent rouler à nos oreilles et troubler le silence de la nuit; instruments de musique, chants et feux d'artifice se rapprochent à grands pas. Notre hôte se rue dehors, quelques "touristes" sur ses pas. Moi, Claudia et Fanny restons assises; "encore une manifestation religieuse, on connaît !". Mais, la curiosité et l'appel des autres qui ont passé le nez dehors nous poussent sur la route au moment où le cortège passe.

Un imposant chariot de la largeur de la rue transporte les icônes des Dieux, précédé par des femmes "enjasminées" qui dansent gaiement et suivi des hommes qui poussent la machine péniblement !
Et, tout à coup, c'est l'Inde qui se reflète dans mes yeux. Des couleurs vives, du bruit, des points rouges sur le front, des fleurs autour du cou et du jasmin dans les cheveux, des éclats de joie; le cortège passe et les Dieux poursuivent ainsi leur tour de village. Ils s'éloignent lentement, célébrés par les pétards qui éclatent au-dessus de leurs têtes.
(...)
Un peu plus tard, nous décidons de gagner une autre soirée, à l'autre bout de Pondy, et nous nous dirigeons à pied jusqu'au canal de Pondicherry.
Le chemin de terre qui y mène est désert, à part quelques buffles et autre chiens errants rachitiques qui grignotent ce qu'ils trouvent, sauf les rats plus gros qu'eux. Par moment, une odeur nauséabonde pénètre nos narines, ce qui a pour effet immédiat de nous faire accélérer le pas. Au milieu de cette ferme, de nombreux mendiants squattent le sol dur pour dormir.
Puis, soudain, une foule d'Indiens, rassemblés pour le feu d'artifices lancé depuis le bassin du temple. Le "temple du cheval aux gros attributs" : un temple flambant neuf et très coloré, qui s'est miraculeusement construit en moins de deux semaines. Ah, si les jeux du Commonwealth avaient lieu dans des temples à Delhi, la ville serait prête depuis bien longtemps!
Je marque une pause et écarquille les yeux, avant d'éclater d'un rire franc avec les filles. Sous nos yeux ébahis, les dieux font maintenant un petit tour de barque...les hommes qui mettaient le chariot en branle pagaient désormais, de longs bouts de bois en main!
On a beau la connaître, l'Inde, elle continue et continuera de nous épater chaque jour...