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dimanche 18 octobre 2009

Happy Diwali!!


Céline et la famille de Maniram
Bénie par la Puja

Depuis une semaine ou plus, Delhi a changé de visage; ses rues se sont métamorphosées en véritables sapins de Noël, ses vitrines et ses échoppes scintillantes, ornées de guirlandes colorées et de lampiottes clignotantes. On reconnaît les grands hôtels et centres commerciaux par leur contour doré qui se détache dans la nuit noire. Diwali, la fête des lumières...

Pour une explication plus détaillée de la fête de Diwali, qui célèbre le Nouvel An Hindou, je vous renvoie une fois de plus vers le blog de Céline, qui, j'en suis sûre, nous aura fait quelques petites recherches et pondu une petite synthèse de sa plume aisée. Pour ma part, je vous conterai une anecdote un peu plus personnelle, la célébration de la puja (prière) chez Shanti pour l'occasion.

A midi et quart le vendredi, nous voilà tous rassemblés au premier étage. Je ne m'attendais pas du tout à ça! Au milieu de la pièce, 2 petites statuettes en bois (les Dieux) trônent au centre d'un cercle formé de pétales de fleurs et de petites bougies allumées. Accroupis, ses pieds rassemblés sur ses genoux, un prêtre tout de blanc vêtu, en position de yoga. A côté de lui, dans des sacs plastiques crasseux, des friandises, des fruits, des pelotes de ficelle rouge, du bois, un pot de liquide jaunâtre peu ragoûtant...les offrandes aux Dieux.

Une heure plus tard, je ressors de la puja des pétales de fleurs dans les cheveux, le front marqué d'un point rouge agrémenté de quelques grains de riz, un fil rouge protecteur noué autour de mon poignet droit, et les vêtements emprunts d'une forte odeur d'encens et de bois brûlé. Et des images plein les yeux.

Je m'étais promis de retenir les étapes de la puja pour vous les retranscrire, mais le prêtre a accompli tellement de petits rituels différents que je ne les ai plus tous en mémoire. Et puis, quelle tâche difficile de relater un tel cérémonial; les mots me manquent pour décrire une l'émotion qui s'en dégage, le sérieux qu'on lit sur le visage des Indiens, l'émerveillement mêlé d'incompréhension qui éclaire celui des Européens.

Jérémy, le seul de nos trois directeurs présent ce jour-là, s'est improvisé assistant prêtre, un torchon posé sur les cheveux à l'égyptienne... Une pincée de riz jetée par ci, trois gouttes d'une mixture rouge par là... A plusieurs reprises, sous les chants graves du prêtre, Jérémy a secoué une fleur -trempée au préalable dans de l'eau bénie- au dessus du cercle sacré, offert bananes et pommes aux dieux, déposé des petits bouts de ficelle, etc. Il a bien fallu bénir l'argent, aussi. Comment? En faisant couler de la graisse de je ne sais quoi sur une pièce, à la petite cuillère, avant de la recouvrir de miel et de yaourt.

En dernier lieu, un grand feu fut allumé dans un seau en dehors du cercle. Nous sommes rassurée, l'alarme incendie marche très bien. Puis, nous nous sommes partagés ce qu'il restait de sucreries et céréales, et de yaourt. Je m'excuse de ce récit pas très réussi, il m'est vraiment difficile de raconter cet épisode. Peut-être que j'ajouterai les photos, quand ma connexion Internet sera meilleure.

Et puis, comme à Noël, vient le temps des cadeaux ;-) La tradition étant que l'employeur offre des sucreries ou des fruits secs à ses employés. On a eu droit à de relativement bons chocolats, bien emballés dans de mignonnes petites boîtes; on sent l'employeur français!! Plus tard dans la journée, alors que nous étions déjà gavés de chocolat, le vendeur de la minuscule échoppe du coin de la rue est venu nous offrir des assortiments Cadbury. Je suis contente, j'aurais eu un genre de Noël à l'Indienne avant de fêter le 25 décembre en France :-)

Le samedi, véritable jour de Diwali (la fête dure 5 jours au total), la foule en liesse se ruait dans les marchés et les magasins de sucreries pour les courses de dernière minute -méfiance, j'ai lu dans la presse que certaines entreprises coupaient le lait avec du détergent pour produire plus de sucreries...-. De 18H00 à minuit environ, pétards et feux d'artifice n'ont pas cessé une seconde sur Delhi.

Saraswati, l'adolescente népalaise qui vit avec nous, a placé des bougies dans toute la maison, et est venue nous chercher pour célébrer la puja avec sa famille sur le toit. Plus "modeste" que celle de Shanti, on s'est accroupi avec la famille près du leur petit temple éclairé et rempli de photos d'idoles, de portefeuilles, de statuettes, etc, pour prier et donner des fleurs aux Dieux. Puis Maniram et sa famille ont exprimé leur joie à coup de fusées et autres pétards. Lorsqu'ils ont failli faire exploser la maison, je suis redescendue, laissant la femme de Maniram se moquer de mes peurs, comme elle aime le faire généralement (je la fais rire quand je l'appelle à la rescousse pour les cafards, arraignées et souris qui traversent ma chambre).

Aujourd'hui, c'est dimanche, Diwali touche à sa fin et pourtant, j'entends encore la ville pétarder. L'Inde, comme à son habitude, ne fait pas les choses à moitié... Happy Diwali!!!!!

samedi 17 octobre 2009

"Being an artist is not being what you are, but become what you are not"

Dimanche 4 Octobre, 18H30 tapantes, le touc touc me lâche devant un grand complexe éclairé sur Lodhi Road; j'y retrouve quelques collègues françaises pour aller voir un spectacle de danse Odissi. Créee dans les années 1950 sous sa forme actuelle, originaire de la région de l'Orissa, au Sud du Bengale, cette danse puise son inspiration de la dramaturgie antique indienne. A mi-chemin entre la danse pure (Nritta) et la danse narrative (Nrittya), les danses se basent sur l'expression des émotions, la tête, le buste et le torse exécutant des mouvements complexes et raffinés. L'Odissi s'accompagne d'un récital poétique (musiciens en live) sur le thème de l'amour entre Krishna et Radha.

Le show, d'une durée de 2 heures, a mis scène 2 danseuses. La première, jeune et jolie, mais si maigre que j'avais mal en voyant ses bras décharnés se déployer autour de son corps. Son regard si expressif m'hypnotisait, de grands yeux bruns avec des cils qui n'en finissent pas, et des larmes qui perlent à la lisière des paupières. La jeune femme attend désespérément un homme qui ne vient pas.

Le deuxième artiste, plus âgée, moins jolie et bien plus en formes, dégageait une expérience et une maturité beaucoup plus fortes. Très vite, elle a évincé la présentatrice et pris possession de la scène, captivant l'audience en nous expliquant, dans un parfait anglais, les origines de ces danses, leur signification, les conséquences de la partition des régions du Sud, etc. Chaque danse est une légende, chaque rôle est un personnage différent, de la jeune vierge effarouchée qui n'ose rejoindre la couche de son mari le soir à la femme trompée. Cette dernière était d'ailleurs ma préférée; le mari est dans la chambre de la voisine et le femme se déplace, énervée non contre son mari (son mari est un homme bien, une pauvre âme sensible qui veut faire plaisir aux autres et ne sait pas leur dire non), mais contre la voisine, cette vieille sorcière maléfique...

Nous sortons de la salle l'estomac dans nos talons dénudés; direction Def Co, le quartier des expat', à Sargar, un restaurant Inde du Sud, où on se pète le bide pour 175 roupies (2,5€). Je teste des plats encore jamais expérimentés: le Masala Dosa, un genre de grosse galette bretonne fourrée aux légumes, relevés mais pas trop épicés, servi avec des légumes en soupe et un délicieux chutney de noix de coco. J'essaye aussi le Uthapam aux oignons, un genre de pâte à pizza couverte d'oignons. Pas mal, bien qu'un peu bourratif. Disons que si j'avais su que le Masala dosa était une sorte de crêpe... Enfin, ce n'est pas ça qui va m'empêcher d'essayer les Kulfi du Moet's juste à côté, des espèces de spaghettis blanches servies avec de la glace, que l'on mange debout dans la rue. Un monsieur attrape un cone qu'il ouvre en trois coups de couteau, en sort de la glace pistache, ajoute les filaments blancs, du sucre de canne et un sirop de rose: délicieux!

La semaine suivante débutait le Festival des arts à Lodhi Garden. Un soir, nous avons décidé de nous y rendre, 2 collègues, Céline et moi. C'est quelquechose qu'on ne peut malheureusement pas faire si souvent, les spectacles ayant lieu en tout début de soirée, peu compatible avec nos horaires (surtout qu'il faut bien une heure de rickshaw pour y accéder). Lodhi Garden est éclairé de mille feux pour Diwali, la fête des lumières -dont je parlerai dans le prochain billet-, et est tout simplement magnifique. Tellement pas Delhi!

Cette fois-ci, nous étions sur le point de voir un spectacle de Thakath, une danse que je situerais entre le flamenco et les claquettes, où grand usage est fait des grelots qui s'accrochent aux pieds des danseurs. Je n'étais pas bien concentrée, agacée par les têtes devant moi qui ne cessaient de gesticuler, les yeux vissés à leurs petites jumelles d'opérette, se tortillant tantôt à gauche, tantôt à droite. Les danses de groupe (hommes et femmes) alternaient avec les solos d'un vieil homme. Je n'ai pas vraimenet accroché avec les danses groupales, les trouvant peu harmonieuses et pas coordonnées. C'était sans doute des élèves et c'est tout à leur honneur, mais cela ne m'a pas pris aux tripes. J'ai donc laissé mon esprit vagabonder sur les magnifiques couleurs des costumes, tous plus beaux les uns que les autres, bercée par la musique. J'ai mieux aimé par contre les solos du vieux monsieur, qui chantait le rythme (takatakatakatakata, taka...) et le battait de ses pieds grelottés.

Puis, j'ai appris que ce vieux Monsieur n'était d'autre que l'un des chorégraphes du bollywood Devdas, primé au festival de Cannes 2002, ce film qui m'avait fait de l'oeil à la FNAC avant mon départ en Inde...ceci explique cela ;-)

dimanche 11 octobre 2009

We're flying folks!

La vie de Palace, Partie 3

La surprise avait été bien gardée, et même si, quelques jours avant, les langues se déliaient pour lâcher le secret à mi-mots, le nom de l'endroit où nous nous rendions pour notre journée Incentive avec Shanti ne fût pas prononcé, pas même dans le bus pour nous y rendre. Il se trouve que je connaissais l'endroit en question. Il se trouve même que je l'avais quitté quatre jours auparavant. Il se trouve que, ce jeudi, le Neemrana Fort a vu une cinquantaine de T Shirt noirs envahir ses lieux, squatter sa piscine et troubler sa paix intérieure.


Le fort vue du ciel


Jane sans Tarzan

L'ancien puits (9 étages sous la terre)


La journée fut vraiment très bonne; trois managers, trois groupes aux multiples nationalités, française et indienne bien sûr, mais aussi italienne, allemande et autrichienne. Un bon moyen de connaître ses collègues en partageant de bons moments. Au programme de la journée, 3 activités, 2 le matin et 1 le soir, séparées par le buffet royal du Fort (j'avais déjà l'eau à la bouche rien qu'en repensant à cette tarte coco du samedi soir...).



Les activités en question? Que du bon! Visite de l'ancien puits non loin du Fort (que j'ai visité le WE dernier, mais qu'importe), farniente près de la piscine en sirotant un lassi banane et, surtout, tyrolienne dans les airs.


Oups...petite erreur de manip'!





Car le Neemrana semble être le seul spot de tyrolienne de l'Inde pour le moment; une entreprise, Flying Fox, www.flyingfox.asia, s'y est établie en début d'année. 7 "pistes" sont disponibles pour un vol au dessus d'un nid douillet de 2H30 environ. J'avoue qu'il m'a fallu un peu de courage pour surmonter mes peurs et me décider à le faire; j'ai repensé très fort au parapente au dessus de Lima avant de me lancer!! Si la connexion n'était pas aussi lente, je vous aurais mis une petite vidéo des traversées...



La vue sur le fort et les montagnes environantes était magnifique, de si haut. Etonemment, pas de vertige resenti, car les câbles sont suspendus au dessus d'une forêt d'arbres, qui fait qu'on ne se rend pas bien compte de la hauteur. Et, une fois pendue au fil, il faut regarder bien droit devant soi pour ne pas torpiller et s'emméler dans son harnais.

On a aussi pu visiter le Fort et les chambres et, cette fois-ci, j'eus tout le loisir de me promener (c'est bien le terme qui s'emploie lorsque l'on voit la taille de la chambre) dans la suite la plus chère du Fort, qui n'est pas ma préférée de toutes, finalement. Nous avons aussi mis les pieds dans la partie plus moderne du Fort, pour les "jeunes couples" paraît-il, car il faut grimper un certain nombre de marches pour y accéder. La construction est originale (des genres de duplex avec un lit double en bas et un en haut, et à mi chemin des toilettes qui font un peu trône sacré), mais je leur trouve moins de charme que les chambres plus anciennes...



Avant de terminer ce post et fermer la page de l'Incentive, qui s'est fini par une petite présentation de la boîte, des futures évolutions et des objectifs, je tiens à signaler que le buffet de Neemrana était aussi excellent que celui du samedi soir. Et que j'étais bien contente d'avoir volé avant, et pas juste après. J'aurais tout simplement entraîné tous les câbles dans ma chute ;-)

En conclusion, une journée terre, air, eau à refaire absolument!
Neemrana by night (le village)

Le Pataudi Palace, le rêve devenu cauchemar

La vie de Palace, Partie II

http://thefamoustouristdestinations.files.wordpress.com/2007/09/pataudi-palace.jpg

Le Pataudi Palace, situé dans l'état de l'Haryana, à une soixantaine de kilomètres de Delhi, fait aussi partie de la chaîne Neemrana mentionnée dans mon précédent billet. Plus petit, trop « propre » à mon goût, je le trouve moins joli, mais je n'ai pu observer que sa façade blanche...

Il était prévu que Céline et moi nous rendions au Palais pour le tournage de Eat, Pray, Love, un film adapté du roman d'Elizabeth Gilbert, produit par le beau Brad et interprété par mon idole de toujours, celle qui m'a donné l'envie d'être actrice lorsque, du haut de mes 11 ans, je la découvrais sur écran géant dans Pretty Woman...

J'avais emprunté à Sara son fer à lisser les cheveux, histoire de paraître un peu plus bollywoodienne et d'être prête pour un départ prévu à 4H00 du matin. Au retour de notre WE à Neemrana donc, je prends une douche, lave mes cheveux collés en boucles grasses, rêches comme de la ficelle (à cause de la piscine), une fois, deux fois, trois fois! Catastrophe, mes cheveux restent sales et j'en perds la moitié dans ma brosse, bataillant pour les démêler... De dépit, de rage, de désespoir, je me jette sous la douche froide, laissant l'eau shampouineuse couler, encore et encore... en vain! Le lendemain matin, quand à 3H30 du mat' Céline débarque dans ma chambre avec des épis et les mêmes problèmes de cheveux gras, j'ai su que la journée était mal partie...

Après une heure de retard et une bonne heure et demie de route secouée, coincée entre Céline et deux italiennes à l'arrière d'un petit van, une légère nausée du coeur à l'oesophage, nous arrivons dans un lieu qui ressemble à tout sauf à un palais. C'est l'envers du décor, là où se trouvent les stands "ravitaillement" (le petit déj' était d'ailleurs la seule bonne chose de la journée, je n'ai jamais vu un buffet si complet), "costumes" et "ravalage de façades". Oui, ça fait rêver n'est-ce pas? Comment changer Boucle(s) Grasse(s) en une magnifique princesse qui figurera dans l'ombre de Julia? Détrompez-vous, comme je fus détrompée...et observez plutôt la photo si dessous. Le journée était décidément très mal partie!

Pour un film qui doit valoir des millions, j'ai trouvé la garde robe bien maigre; quelques robes élimées faisant la tête, pendant tristement sur leurs cintres... Ne voyant rien à mon goût, je sers fort ma petite robe de plage contre moi, espérant qu'on m'autorise à la porter … mais j'écope à la place d'une robe-pyjama rose et fleurie immonde, à manches longues en plus, alors que les rayons de soleil matinaux laissent augurer un bon 40 degrés dans l'après-midi. Je passe en salle de maquillage, dans l'espoir qu'on ne remarque pas trop mes cheveux poisseux..; c'est l'usine ici, tout le monde s'affaire et essaie de faire au plus vite pour préparer la centaine de figurants. 3 barrettes feront l'affaire, une affreuse mèche me tombe sur le côté. J'ai du violet aux yeux, rose sur les joues, et un rouge à lèvres tapageur. Ignoble. Je fais tapisserie du XVIème siècle.

Sur le chemin du Pataudi, le lever du soleil

La scène sur le point d'être tournée est une scène de mariage (une scène de mariage où les gens n'ont aucun goût vestimentaire, donc): Julia ferme les yeux et se remémore son mariage en Inde 10 ans auparavant... Le DJ présente les mariés à la salle et se trompe de musique, jouant un titre plutôt disco. Julia et son nouveau mari partent alors dans une danse amusée. La scène que j'étais sur le point de voir jouer!! Je suis toute excitée!


Mais mon excitation retombe aussi vite qu'un soufflé sorti du four, lorsque je réalise que je passerais la journée à suer dans ma nuisette en coton, plantée devant la porte du palais qui laisse entrevoir l'escalier menant à la chambre de Julia. La porte d'un vieux rêve d'enfance...

Lors d'un tournage, l'activité principale est d'attendre, c'est bien connu. Attendre pour voir Julia jouer ne m'aura pas déranger; mais, lasse d'attendre pour rien, sachant très bien qu'ils avaient pris trop de volontaires et que je n'avais pas su forcer le destin, j'ai profité d'un convoi qui rentrait sur Delhi après le repas du midi. Prise d'un gros mal de crâne, je suis arrivée vers 16H à la maison et n'ai plus quitté mon lit de la journée!

Non seulement la journée avait mal commencé, mais elle a aussi mal fini... ma seule consolation fut, outre le fait d'être payée 2000 roupies, d'avoir aperçu la grande actrice de loin, à sa descente des marches, et d'avoir vu ses trois enfants passer devant moi avec la nurse... Bien sûr, j'aurais pu tenter ma chance sur le tournage un autre jour, mais je crois que j'ai eu ma dose de palais... pour le moment!

Céline en tenue stricte d'institutrice coincée des années 5O... pas étonnant que nous ne soyons pas dans le film!