Céline et la famille de Maniram
Bénie par la Puja
Depuis une semaine ou plus, Delhi a changé de visage; ses rues se sont métamorphosées en véritables sapins de Noël, ses vitrines et ses échoppes scintillantes, ornées de guirlandes colorées et de lampiottes clignotantes. On reconnaît les grands hôtels et centres commerciaux par leur contour doré qui se détache dans la nuit noire. Diwali, la fête des lumières...
Pour une explication plus détaillée de la fête de Diwali, qui célèbre le Nouvel An Hindou, je vous renvoie une fois de plus vers le blog de Céline, qui, j'en suis sûre, nous aura fait quelques petites recherches et pondu une petite synthèse de sa plume aisée. Pour ma part, je vous conterai une anecdote un peu plus personnelle, la célébration de la puja (prière) chez Shanti pour l'occasion.
A midi et quart le vendredi, nous voilà tous rassemblés au premier étage. Je ne m'attendais pas du tout à ça! Au milieu de la pièce, 2 petites statuettes en bois (les Dieux) trônent au centre d'un cercle formé de pétales de fleurs et de petites bougies allumées. Accroupis, ses pieds rassemblés sur ses genoux, un prêtre tout de blanc vêtu, en position de yoga. A côté de lui, dans des sacs plastiques crasseux, des friandises, des fruits, des pelotes de ficelle rouge, du bois, un pot de liquide jaunâtre peu ragoûtant...les offrandes aux Dieux.
Une heure plus tard, je ressors de la puja des pétales de fleurs dans les cheveux, le front marqué d'un point rouge agrémenté de quelques grains de riz, un fil rouge protecteur noué autour de mon poignet droit, et les vêtements emprunts d'une forte odeur d'encens et de bois brûlé. Et des images plein les yeux.
Je m'étais promis de retenir les étapes de la puja pour vous les retranscrire, mais le prêtre a accompli tellement de petits rituels différents que je ne les ai plus tous en mémoire. Et puis, quelle tâche difficile de relater un tel cérémonial; les mots me manquent pour décrire une l'émotion qui s'en dégage, le sérieux qu'on lit sur le visage des Indiens, l'émerveillement mêlé d'incompréhension qui éclaire celui des Européens.
Jérémy, le seul de nos trois directeurs présent ce jour-là, s'est improvisé assistant prêtre, un torchon posé sur les cheveux à l'égyptienne... Une pincée de riz jetée par ci, trois gouttes d'une mixture rouge par là... A plusieurs reprises, sous les chants graves du prêtre, Jérémy a secoué une fleur -trempée au préalable dans de l'eau bénie- au dessus du cercle sacré, offert bananes et pommes aux dieux, déposé des petits bouts de ficelle, etc. Il a bien fallu bénir l'argent, aussi. Comment? En faisant couler de la graisse de je ne sais quoi sur une pièce, à la petite cuillère, avant de la recouvrir de miel et de yaourt.
En dernier lieu, un grand feu fut allumé dans un seau en dehors du cercle. Nous sommes rassurée, l'alarme incendie marche très bien. Puis, nous nous sommes partagés ce qu'il restait de sucreries et céréales, et de yaourt. Je m'excuse de ce récit pas très réussi, il m'est vraiment difficile de raconter cet épisode. Peut-être que j'ajouterai les photos, quand ma connexion Internet sera meilleure.
Et puis, comme à Noël, vient le temps des cadeaux ;-) La tradition étant que l'employeur offre des sucreries ou des fruits secs à ses employés. On a eu droit à de relativement bons chocolats, bien emballés dans de mignonnes petites boîtes; on sent l'employeur français!! Plus tard dans la journée, alors que nous étions déjà gavés de chocolat, le vendeur de la minuscule échoppe du coin de la rue est venu nous offrir des assortiments Cadbury. Je suis contente, j'aurais eu un genre de Noël à l'Indienne avant de fêter le 25 décembre en France :-)
Le samedi, véritable jour de Diwali (la fête dure 5 jours au total), la foule en liesse se ruait dans les marchés et les magasins de sucreries pour les courses de dernière minute -méfiance, j'ai lu dans la presse que certaines entreprises coupaient le lait avec du détergent pour produire plus de sucreries...-. De 18H00 à minuit environ, pétards et feux d'artifice n'ont pas cessé une seconde sur Delhi.
Saraswati, l'adolescente népalaise qui vit avec nous, a placé des bougies dans toute la maison, et est venue nous chercher pour célébrer la puja avec sa famille sur le toit. Plus "modeste" que celle de Shanti, on s'est accroupi avec la famille près du leur petit temple éclairé et rempli de photos d'idoles, de portefeuilles, de statuettes, etc, pour prier et donner des fleurs aux Dieux. Puis Maniram et sa famille ont exprimé leur joie à coup de fusées et autres pétards. Lorsqu'ils ont failli faire exploser la maison, je suis redescendue, laissant la femme de Maniram se moquer de mes peurs, comme elle aime le faire généralement (je la fais rire quand je l'appelle à la rescousse pour les cafards, arraignées et souris qui traversent ma chambre).
Aujourd'hui, c'est dimanche, Diwali touche à sa fin et pourtant, j'entends encore la ville pétarder. L'Inde, comme à son habitude, ne fait pas les choses à moitié... Happy Diwali!!!!!
