Un temple de Mahabalipuram
Mahabalipuram, petit village de pêcheurs en bord de mer... Surtout ne pas s'imaginer une plage paradisiaque bordée de palmiers aux grosses noix de coco fraîches qui tomberaient sur un sable fin et blanc léché par l'écume d'une eau turquoise... Non non non, les plages du Tamil Nadu ne s'entendent pas de cette façon...mais elles ont leur charme! La plage est terrain de jeu du pêcheur, qui y travaille, mange et dort. Les vaches aussi ont élu domicile, et se prélassent au soleil qui renvoie leur reflet tranquille sur les mares d'eau tiède créées par la marée basse.
Parc de Mahabalipuram
Après avoir quitté notre avenir pour rejoindre notre présent donc, Céline et moi enchaînons les bus; et hop, changement à Chindanbaram, et hop, changement à Pondicherry, et hop hop hop, arrivée à Mahabalipuram, le tout sans encombres. Déchargées près du petit village, nous marchons 20 bonnes minutes dans la nuit, nos sacs sur le dos, jusqu'à la guest house sur la plage où Céline a séjourné avec ses amis*. Il est tard, ou tôt selon le point de vue, sans doute dans les 2H du mat'. Tout est calme, le village dort paisiblement ... Cette nuit-là, je m'endors bercée par le ressac de l'Océan, dont je ne me lasse pas!!
*Luna GH, 400 INR la chambre face à la mer
Le lendemain, ce sont deux voraces qui se jettent sur le petit-déj servi en terrasse, face à la mer. Non pas qu'il soit délicieux, mais nous nous sommes nourries la veille de bananes et de chocolat... Nous observons tout un petit monde déjà levé et animé depuis longtemps... Je me sens bien, la vie est belle et, même si les prédictions me trottent encore dans la tête, je suis zen. Céline ayant déjà visité les temples qui bordent la plage, nous privilégions une bonne balade. Alors que nous nous stoppons net devant un "Budha Café" qui nous rappelle notre QG préféré de Rishikesh, et que nous commentons sans vergogne la carte alléchante (sans doute une histoire de Nutella... que voulez vous, il en faut peu!), nous faisons la connaissance rapide de la propriétaire du lieu, Aude, qui nous conseille d'aller visiter la "motte de beurre", un parc sympa au Nord de Mahaba.
Effectivement, joli parc. Très vert, très nature. Avec des singes qui courent partout et s'amuse dans les vieilles pierres. Vieilles pierres qui sont en fait de belles ruines qui s'élèvent là où on ne les attend pas, et gravées de scènes mythiques. Nous parcourons un bon bout de parc, avec des pauses/ poses photos tout le long. Nous partons à rêver d'ouvrir une Guest House l'an prochain à Pondicherry, où l'on servirait notre fameux "mi-cuit au yahourt". Nous nous enflammons, jeudi soir, ce sera soirée littéraire, avec des ateliers, et puis on aura une grande bibliothèque... Et, bien sûr, nos proches sont de la partie, toute main d'oeuvre enthousiaste est la bienvenue! Des rêves plein la tête, jusqu'à ce qu'un petit singe mal élevé fasse peur à Céline (souvenez-vous, c'est elle qui me disait toujours de ne surtout pas les regarder dans les yeux...) en lui piquant sa bouteille de pepsi! Le voilà rendu sur un arbre, à dévisser le bouchon pour ensuite (là je n'ai pas bien compris) faire un trou au fond de la bouteille et aspirer le liquide noir et gazeux par cet orifice.
Nous sommes devant un phare; décidément, cette motte de beurre est pleine de surprises! Nous y montons pour admirer la vue. Là-haut, trois petits chiots errants se battent un morceau d'écureuil mort et aussi plat qu'un paillasson. Je n'ai jamais évoqué les écureuils indiens, ils sont tout petits tout mignons, mais assez sauvages. Aussi rapides que l'éclair, très agiles, leur pelage est strié d'une bande jaune. Oui, à retravailler, le portrait, je suis d'accord. A l'occasion, je mettrai une photo. Mais revenons à nos moutons, il se fait faim, et j'ai bien envie de me laisser tenter par les fruits de mer du Shanti Café dont Céline m'a tant parlé...
Encore un café-restaurant tenu par une Frenchy! Décidemment, c'est un bon projet que d'ouvrir une Guest House par ici...Et c'est reparti pour la boîte à rêves, jusqu'à l'arrivée de nos plats, fruits de mer et poisson du jour, qui nous coupent le sifflet. En fin de repas, nous sympathisons avec les serveurs, et passons la journée à jouer au UNO avec eux!
Après une petite balade revigorifiante les pieds dans l'eau fraîche, et une petite douche pour se remettre d'aplomb, il est temps de sortir ... dîner! Nous nous rendons au Budha Café repéré un peu plus tôt; Aude n'est pas là, mais son ami Indien nous accueille. Nous nous jettons sur de vieux Closer et Cosmo qui traînent par là; décidément, le Sud est fait pour les Français, nourriture et lecture nous comblent! Après un jus de fruits, nous nous apprêtions à retourner aux fruits de mer de nos amis Shanti (qui en plus nous avaient invitées à une fiesta le soir même), quand j'aperçois, ô drame, "assiette de fromage et pain complet" inscrits à la craie sur le tableau du jour... Le temps de passer commande, et notre Française est revenue, avec une amie fraîchement débarquée. Nous nous attablons toutes ensemble.
Et là, l'incroyable arrive: nous fêtons Noël avant l'heure! Foie gras et champagne atterrissent sur la table de partage! La soirée se déroule bien, on papote avec légèreté, de tout et de rien, de l'Inde et de la France, de nos histoires passées, présentes et ... futures! De l'amour, de l'Inde. De l'amour de l'Inde. Aude, elle, est tombée amoureuse de l'Inde il y a 10 ans, en débarquant à Pahar Ganj (un quartier de Delhi). Je ne sais pas si je peux vous dépeindre Pahar Ganj, disons que j'ai déjà eu des clients qui, après 1H passée là-bas, ont annulé leur voyage pour reprendre direct l'avion... Au milieu de ce bazar ambulant, rempli d'incongruités et fourmillant d'espèce humaine, Aude est tombée sur un Sadhu* qui l'a émue.
*Sadhus : Etres mystiques à la recherche de Dieu, ils renoncent à une vie professionnelle et familiale souvent très enviable. Ils se déplacent seul ou en groupe presque souvent nus, mendiant leur nourriture
mmmm, on en rêvait, on l'a fait!
La police nous oblige à baisser le ton et à finir la soirée un peu brutalement; quoique, brutal est-il l'adjectif adéquat pour un pancake au Nutella?!! Apparemment, il existe un couvre feu à Mahabalipuram!!! Nous remercions chaleureusement nos hôtes et, le coeur léger, rentrons à l'hôtel. Je ne sais pas pourquoi, la conversation du soir m'a laissé un goût de bonheur, un mélange de fascination et d'espoir. J'en sors avec la ferme intention de vivre mes rêves et non pas rêver ma vie.
Dans l'idée que tout est donc fermé à cause du passage fliqué, nous ne pensons pas retourner chez nos amis Shanti, qui, le lendemain, nous avoueront leur déception de ne pas nous avoir vues à la fête. Ils ont dansé jusqu'au petit jour, non concernés par l'extinction des feux... Un repas par ci, quelques roupettes par là, et les policiers deviennent vite de bons vieux copains en Inde..
Le lendemain matin, départ pour Chennai, où notre avion nous attend. Au dernier moment, nous lâchons le bus local pour nous laisser tenter par un voyage de plus d'une heure (500 INR) en touc touc; après tout, notre lubie précédente (avant l'ouverture d'une GH à Pondi) était bien de revenir à Paris en rickshaw! Nous voilà donc bien calées dans un rickshaw spacieux, luxueux si on le compare au mini trois roues de Delhi où l'on se casse les genoux à seulement s'y assoir. Les cheveux au vent, caressées par les rayons doux du soleil, nous profitons du paysage et de la douceur de vivre du Sud... Enfin moi, surtout, car Céline est un peu souffrante et somnole tout le long. Nous arrivons à l'aéroport bien trop tôt...et pas même pas un coffee day, rien! Nous regrettons déjà notre coin de mer indienne, où vaches et pêcheurs se côtoient sur le sable!