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jeudi 25 février 2010

La plage, les vaches et moi (Mahabalipuram)

Un temple de Mahabalipuram

Mahabalipuram, petit village de pêcheurs en bord de mer... Surtout ne pas s'imaginer une plage paradisiaque bordée de palmiers aux grosses noix de coco fraîches qui tomberaient sur un sable fin et blanc léché par l'écume d'une eau turquoise... Non non non, les plages du Tamil Nadu ne s'entendent pas de cette façon...mais elles ont leur charme! La plage est terrain de jeu du pêcheur, qui y travaille, mange et dort. Les vaches aussi ont élu domicile, et se prélassent au soleil qui renvoie leur reflet tranquille sur les mares d'eau tiède créées par la marée basse.

Parc de Mahabalipuram



Après avoir quitté notre avenir pour rejoindre notre présent donc, Céline et moi enchaînons les bus; et hop, changement à Chindanbaram, et hop, changement à Pondicherry, et hop hop hop, arrivée à Mahabalipuram, le tout sans encombres. Déchargées près du petit village, nous marchons 20 bonnes minutes dans la nuit, nos sacs sur le dos, jusqu'à la guest house sur la plage où Céline a séjourné avec ses amis*. Il est tard, ou tôt selon le point de vue, sans doute dans les 2H du mat'. Tout est calme, le village dort paisiblement ... Cette nuit-là, je m'endors bercée par le ressac de l'Océan, dont je ne me lasse pas!!
*Luna GH, 400 INR la chambre face à la mer

Le vilain singe qui a piqué le pepsi de Céline


Le lendemain, ce sont deux voraces qui se jettent sur le petit-déj servi en terrasse, face à la mer. Non pas qu'il soit délicieux, mais nous nous sommes nourries la veille de bananes et de chocolat... Nous observons tout un petit monde déjà levé et animé depuis longtemps... Je me sens bien, la vie est belle et, même si les prédictions me trottent encore dans la tête, je suis zen. Céline ayant déjà visité les temples qui bordent la plage, nous privilégions une bonne balade. Alors que nous nous stoppons net devant un "Budha Café" qui nous rappelle notre QG préféré de Rishikesh, et que nous commentons sans vergogne la carte alléchante (sans doute une histoire de Nutella... que voulez vous, il en faut peu!), nous faisons la connaissance rapide de la propriétaire du lieu, Aude, qui nous conseille d'aller visiter la "motte de beurre", un parc sympa au Nord de Mahaba.





Effectivement, joli parc. Très vert, très nature. Avec des singes qui courent partout et s'amuse dans les vieilles pierres. Vieilles pierres qui sont en fait de belles ruines qui s'élèvent là où on ne les attend pas, et gravées de scènes mythiques. Nous parcourons un bon bout de parc, avec des pauses/ poses photos tout le long. Nous partons à rêver d'ouvrir une Guest House l'an prochain à Pondicherry, où l'on servirait notre fameux "mi-cuit au yahourt". Nous nous enflammons, jeudi soir, ce sera soirée littéraire, avec des ateliers, et puis on aura une grande bibliothèque... Et, bien sûr, nos proches sont de la partie, toute main d'oeuvre enthousiaste est la bienvenue! Des rêves plein la tête, jusqu'à ce qu'un petit singe mal élevé fasse peur à Céline (souvenez-vous, c'est elle qui me disait toujours de ne surtout pas les regarder dans les yeux...) en lui piquant sa bouteille de pepsi! Le voilà rendu sur un arbre, à dévisser le bouchon pour ensuite (là je n'ai pas bien compris) faire un trou au fond de la bouteille et aspirer le liquide noir et gazeux par cet orifice.



Le "Shanti Café", je ne pouvais pas le louper celui-là!

Nous sommes devant un phare; décidément, cette motte de beurre est pleine de surprises! Nous y montons pour admirer la vue. Là-haut, trois petits chiots errants se battent un morceau d'écureuil mort et aussi plat qu'un paillasson. Je n'ai jamais évoqué les écureuils indiens, ils sont tout petits tout mignons, mais assez sauvages. Aussi rapides que l'éclair, très agiles, leur pelage est strié d'une bande jaune. Oui, à retravailler, le portrait, je suis d'accord. A l'occasion, je mettrai une photo. Mais revenons à nos moutons, il se fait faim, et j'ai bien envie de me laisser tenter par les fruits de mer du Shanti Café dont Céline m'a tant parlé...



Encore un café-restaurant tenu par une Frenchy! Décidemment, c'est un bon projet que d'ouvrir une Guest House par ici...Et c'est reparti pour la boîte à rêves, jusqu'à l'arrivée de nos plats, fruits de mer et poisson du jour, qui nous coupent le sifflet. En fin de repas, nous sympathisons avec les serveurs, et passons la journée à jouer au UNO avec eux!



Après une petite balade revigorifiante les pieds dans l'eau fraîche, et une petite douche pour se remettre d'aplomb, il est temps de sortir ... dîner! Nous nous rendons au Budha Café repéré un peu plus tôt; Aude n'est pas là, mais son ami Indien nous accueille. Nous nous jettons sur de vieux Closer et Cosmo qui traînent par là; décidément, le Sud est fait pour les Français, nourriture et lecture nous comblent! Après un jus de fruits, nous nous apprêtions à retourner aux fruits de mer de nos amis Shanti (qui en plus nous avaient invitées à une fiesta le soir même), quand j'aperçois, ô drame, "assiette de fromage et pain complet" inscrits à la craie sur le tableau du jour... Le temps de passer commande, et notre Française est revenue, avec une amie fraîchement débarquée. Nous nous attablons toutes ensemble.




Et là, l'incroyable arrive: nous fêtons Noël avant l'heure! Foie gras et champagne atterrissent sur la table de partage! La soirée se déroule bien, on papote avec légèreté, de tout et de rien, de l'Inde et de la France, de nos histoires passées, présentes et ... futures! De l'amour, de l'Inde. De l'amour de l'Inde. Aude, elle, est tombée amoureuse de l'Inde il y a 10 ans, en débarquant à Pahar Ganj (un quartier de Delhi). Je ne sais pas si je peux vous dépeindre Pahar Ganj, disons que j'ai déjà eu des clients qui, après 1H passée là-bas, ont annulé leur voyage pour reprendre direct l'avion... Au milieu de ce bazar ambulant, rempli d'incongruités et fourmillant d'espèce humaine, Aude est tombée sur un Sadhu* qui l'a émue.
*Sadhus : Etres mystiques à la recherche de Dieu, ils renoncent à une vie professionnelle et familiale souvent très enviable. Ils se déplacent seul ou en groupe presque souvent nus, mendiant leur nourriture

mmmm, on en rêvait, on l'a fait!

Miroir miroir, dis-moi qui est la plus belle...

La police nous oblige à baisser le ton et à finir la soirée un peu brutalement; quoique, brutal est-il l'adjectif adéquat pour un pancake au Nutella?!! Apparemment, il existe un couvre feu à Mahabalipuram!!! Nous remercions chaleureusement nos hôtes et, le coeur léger, rentrons à l'hôtel. Je ne sais pas pourquoi, la conversation du soir m'a laissé un goût de bonheur, un mélange de fascination et d'espoir. J'en sors avec la ferme intention de vivre mes rêves et non pas rêver ma vie.





Dans l'idée que tout est donc fermé à cause du passage fliqué, nous ne pensons pas retourner chez nos amis Shanti, qui, le lendemain, nous avoueront leur déception de ne pas nous avoir vues à la fête. Ils ont dansé jusqu'au petit jour, non concernés par l'extinction des feux... Un repas par ci, quelques roupettes par là, et les policiers deviennent vite de bons vieux copains en Inde..


Il fallait aller jusque là pour trouver du foie gras!




Le lendemain matin, départ pour Chennai, où notre avion nous attend. Au dernier moment, nous lâchons le bus local pour nous laisser tenter par un voyage de plus d'une heure (500 INR) en touc touc; après tout, notre lubie précédente (avant l'ouverture d'une GH à Pondi) était bien de revenir à Paris en rickshaw! Nous voilà donc bien calées dans un rickshaw spacieux, luxueux si on le compare au mini trois roues de Delhi où l'on se casse les genoux à seulement s'y assoir. Les cheveux au vent, caressées par les rayons doux du soleil, nous profitons du paysage et de la douceur de vivre du Sud... Enfin moi, surtout, car Céline est un peu souffrante et somnole tout le long. Nous arrivons à l'aéroport bien trop tôt...et pas même pas un coffee day, rien! Nous regrettons déjà notre coin de mer indienne, où vaches et pêcheurs se côtoient sur le sable!



Une des vues de l'hôtel



samedi 20 février 2010

L'avenir, vous y croyez vous?

On dirait le Sud...

Il y a longtemps, bien longtemps de cela, les élèves de Shiva, Dieu Hindou de la Trinité et père de Ganesh (le Dieu à tête d'éléphant), levèrent le nez vers les étoiles et lurent dans les astres. Il y a 2000 ans de cela, des plumes s'agitaient et noircissaient des feuilles de palmier de la destinée de tous les habitants de la terre et de leurs descendants, le tout en sanskrit. L'astrologie Nadi était née.

Aujourd'hui, le temple du minuscule village de Vaitheeswaran (Vaitheeswarankoil), situé dans la région du Tamil Nadu en Inde du Sud, abrite une bibliothèque riche de milliers de prédictions, qui ont survécu au poids des siècles. Les Indiens se rendent ici en pèlerinage, non seulement pour connaître leur avenir, mais surtout pour savoir quels péchés commis dans leur vie antérieure les empêchera d'atteindre la paix, et comment y remédier.


Le temple en question


Une arnaque, c'est une arnaque! Inutile de le nier, chers Occidentaux, ce sont les mots qui vous viennent à l'esprit... Vous pensez sans doute qu'il n'y a qu'à ouvrir n'importe quel guide, se rendre sur le premier forum venu, pour obtenir la preuve que ce n'est qu'une entourloupe de plus en Inde. Je vous mets au défi de trouver des informations sur ce petit village dans un guide.

Comment en avons-nous entendu parler alors? Un soir, sur le balcon de notre maison, bière à la main pour les amateurs, chai pour les autres, nous discutions entre nous, des étoiles et de l'astrologie en Inde.. Heera nous branche alors sur l'existence d'un temple où notre avenir et notre passé peuvent nous être révélés. Aussitôt, quatre oreilles se dressent; celles de Céline et les miennes. Le temple devient alors une quête obsessionnelle: nous devions nous y rendre, et si possible ensemble.

L'intérieur du temple


Quelques semaines plus tard... A l'aéroport, je lis le document que je me suis imprimé en hâte sur l'astrologie Nadi. Un doute énorme s'empare de moi lorsque je découvre qu'il faut parfois des semaines, voire des mois, pour retrouver certaines feuilles. Affolée, j'envoie un texto à Céline (qui était déjà dans le Sud depuis une semaine) qui me rassure immédiatement. "C'est notre destin, tout ira bien". Jai Ho.

Et lorsque, après un vol mouvementé où il m'est presque venu à l'idée de serrer très fort la main de mon voisin indien, j'appelle Céline, elle me déclare, toute zen: "de toute façon tu ne pouvais pas t'écraser, nous rendre à ce temple, c est notre destin".

Une fois atterrie, je sors de l'aéroport sous une pluie torrentielle et suis les indications de Céline; rickshaw, station de bus, bus pour Chidanbaram, village célèbre pour son superbe temple (que je n'aurais même pas pris le temps de visiter). Au cours des 6H de route, en pleine nuit noire, je me réveille en sursautant à chaque coup de frein un peu brusque et à chaque coup de klaxon insistant (généralement lorsque le conducteur se décide à doubler dans des endroits peu propices à son excès de zèle).

Céline en mode mystique

Enfin, protégée par mon destin, j'arrive saine et sauve à Chidambaram, où je descends du bus sans trop savoir où aller. Il fait nuit, mais quelques Indiens boivent du chai près d'une échoppe allumée. Le village me paraît moche, trempé de grosses flaques marécageuses. Je finis par trouver l'hôtel de notre rendez-vous, dans lequel je me faufile sans bruit, ni vue ni connue. Deux coups à la porte suffisent à lever ma Céline, qui me laisse un bout de lit pour les quelques heures de sommeil qu'il nous reste avant que commence notre périple mystique.

En fin de matinée, parées pour notre destin, nous attrapons un gros bus jaune dans la rue. Le système de bus me semble plus développé que dans le Nord de l'Inde, et les gens plus détendus! J'observe le paysage qui défile par la vitre et découvre une autre Inde. Une Inde nature, une Inde humide, une Inde joyeuse. Les hommes se baladent en lunghis, espèce de grands paréos blancs qui leur tombent sur les hanches. Je suis à la fois excitée et stressée, ne pouvant me préparer à ce qui nous attend, l'inconnu incroyable.

Enfin, nous y sommes. On a bien repéré le temple dans la principale (et unique?) rue, mais point d'hôtel à l'horizon. Un autochtone gras et collant tente de nous emmener dans sa maison pour nous louer une chambre ... vide! Pas même un lit au milieu de ces quatre murs! Nous marchons un peu au hasard et arrivons dans une ruelle où se succèdent une poignée de guest houses. Après avoir visité plusieurs établissements vides et négocié les prix, nous nous installons. Je jette un oeil au registre de l'hôtel; aucun nom d'origine étrangère. Que des Indiens, avec une seule et même raison pour cette visite: le temple.


Le temple, petit bijou d'architecture

Alors que je commençais à désespérer de trouver un interprète dans ce microscopique village, notre destin anglophone vient à notre rencontre à la réception de l'hôtel. Quelques phrases échangées, et nous partons chercher nos feuilles, notre traducteur sous le coude. Le processus peut alors commencer.

Processus 1/3: repérer une maison Nadi et franchissez-en le seuil. Parler (rectification, laissez votre traducteur parler) au Monsieur et donnez-lui votre date de naissance uniquement. Posez ensuite votre pouce (gauche si vous êtes une femme, droit si vous êtes un homme) sur le tampon et appliquez-le trois fois sur une feuille. Fin de votre participation pour cette première manche.

Muni de vos 3 empreintes, un Indien part alors en mission "bibliothèque" au temple. Grâce aux ovales concentriques de nos empreintes digitales, qui rappellent la feuille de palmier, et de notre date de naissance, il trouvera un ou plusieurs "sets" de feuilles. Les "sets" se présentent comme un éventail en bois, ses deux bouts reliés par une ficelle et contenant des parchemins d'environ 5/ 15 cm. Les feuilles sont inscrites en sanskrit, dans une écriture très serrée, à l'encre noire. Commence alors la deuxième manche...

Un de nos lecteurs devant la maison Nadi

Processus 2/3: Installez vous face à votre "liseur" (lecteur?!), le traducteur à côté. Personne d'autre ne devra participer à cet entretien. Le but de l'entretien: trouver quelle feuille vous appartient. Le lecteur - liseur lit le début de chaque feuille du paquet (ou "set") de feuilles, en s'arrêtant après chaque affirmation qu'il annonce; par exemple, "vous avez 3 frères". Contentez-vous de confirmer ou d'infirmer ces informations, en ne donnant aucun détail supplémentaire. Lorsque le lecteur tombe sur la bonne feuille, il retourne à la bibliothèque en chercher l'intégralité.

Cela fait bien 30 minutes que Céline ne revient pas... je tripote mon téléphone et scrute l'horizon, à l'affût du moindre signe. Rien. La douceur du Sud, la paisibilité d'un WE dans un microscopique village. 40 minutes au moins. Je regarde ma montre, je stresse comme pour l'attente des résultats d un examen médical ou d'un oral du BAC!! Je vois passer plusieurs Indiens munis de leurs feuilles. Toujours rien... Mais ils l'ont séquestrée ou quoi?!! J'envoie un texto. Je tends l'oreille au flot de tamoul débité à côté; certaines personnes sont sur le point de découvrir ce que l'avenir leur réserve...

Enfin, ma séquestrée revient, toute sereine. Je la bombarde de questions, a t-elle trouvé sa feuille, comment c'était, qu'est ce qui lui ont demandé, a t elle dû fournir des détails, est ce une arnaque, etc. Je trépigne à chaque interruption de ntore traducteur, qui supporte mal nos conversations privées en français. Le récit de Céline est assez bluffant; elle me dit que l'homme a trouvé de suite le nom de ses parents, le nombre de frères et soeurs et son métier. Elle admet tout de même, à mon soulagement, avoir donné quelques indices (mais au traducteur seulement, pas au lecteur), dans le but de ne pas rater sa feuille sur un malentendu de prononciation. Certains sons français n'existent sans doute ni en tamoul ni en sanskrit.

L'attente prend alors une toute autre tournure pour moi. Épatée, j'ai tout à coup peur de ne pas avoir de feuille. Et si je n'avais pas d'avenir?!! Enfin, on trouve mon "set". Enfin, on m'emmène à l'interrogatoire. Est-ce parce que je suis plus cartésienne que Céline, que je doute plus facilement, ou est-ce notre façon de voir les choses qui nous laissent des impressions et une analyse un peu différentes, je ne sais pas, mais toujours est-il que j'ai trouvé ça moins impressionnant pour moi. Il m'a fallu lâcher plus d'indices et de détails afin de trouver ma feuille. Le coup des prénoms de mes parents m'a quand même un peu épatée: certes, j'avais, comme Céline, aidé un peu par écrit mon traducteur, mais comment le lecteur les a t-il trouvés? Et, quand bien même on les lui aurait soufflés, comment a t-il fait pour s'en souvenir une heure après?

Processus 3/3. Le temps des prédictions. Ayant identifié votre feuille, on est parti chercher son intégralité. Vous êtes prêt(e) pour la prédiction. Entrez dans la petite cabine à vitre transparente, accompagné(e) d'un ami si vous le souhaitez, du lecteur et du traducteur. Prenez place. La séance sera enregistrée sur cassette audio. Une petite prière à Shiva (ou je ne sais qui), et c'est parti...

Je prends des notes pour Céline alors que, concentrée sur son futur, elle boit les paroles du traducteur. Avides du moindre mot, nous écoutons avec passion notre passé (y compris nos vies antérieures) et notre avenir. Je ne vais pas trahir les secrets de notre vie future, mais j'ai noté trois choses:

1) La feuille de Céline était bien plus "touffue" que la mienne, plus garnie de détails, à un tel point que c'en était presque flippant. Son lecteur lui a même donné son jour de naissance !!
2) Céline ayant beaucoup pêché dans sa vie antérieure, il lui a été suggéré de faire un don au temple... J'ai alors cru que le but de tout ça était de nous tirer de l'argent, mais on ne m'a rien demandé à moi... Il faut dire que, avec pour dernière vie celle d'un moine boudhiste, je n'ai pas beaucoup fauté! Je dois juste invoquer le soleil lorsque je me lève avec (c'est à dire, heu, jamais)
3) L'astrologie Nadi donne beaucoup plus d'infos sur le futur que sur le passé (si on exclut du "passé" les vies antérieures), et au final, ça fait un peu peur. Je voulais etre bluffée, mais ne pas trop en savoir sur mon avenir... Life is a box of chocolates, j'ai envie que ça le reste :-)



19H. Après avoir visité le temple, il nous reste encore 2 jours de WE...et de longues années à vivre! Nous décidons de ne pas passer la nuit dans notre village mystique (même si on a payé la nuit) et de filer prendre un bus pour Mahabalipuram, village de pêcheur au bord de la mer... nous bavons déjà en pensant aux plats de fruits de mer que nous allons pouvoir goûter!

Les quelques témoignages que j'ai trouvés sur Internet sur l'expérience Nadi révèlent des gens subjugués, pas tellement sur la véracité des faits qu'on leur a dévoilés, mais plus sur l'expérience en soi et le bien qu'elle leur a fait. Je pense que les Indiens viennent chercher des remèdes, une démarche à suivre pour réparer leurs erreurs. Je pense aussi que c'était une bonne expérience à vivre!

La prédiction m'a trotté dans la tête longtemps après. La vie qu'on m'a brossée à gros coups de pinceaux, est-ce celle que je veux vivre?!! Y a t-il un chemin, ou est-ce que nous faisons notre chemin à mesure de nos pas?! Et vous, vous y croyez à l'avenir?



vendredi 5 février 2010

Paris - Delhi, Tome II

J'ai dit oui!!! Oui, oui, oui, j'ai signé, rempilé pour un an dans ce pays qu'on ne peut se représenter sans y avoir mis les pieds. Oui à cet univers, mon univers, mon quotidien poussiéreux, dérangeant, irritant parfois, mais toujours coloré et épicé.

Le 25 Janvier 2010, je posais donc, pour la deuxième fois, un pied non pas sur la lune (mais presque), mais sur la terre indienne. Je suis descendue de mon avion avec une certaine appréhension; parfois, connaître ce qui nous attend rend les choses plus difficiles. En tout cas, plus difficiles pour moi que de me lancer en terre inconnue. C'est l'odeur que je craignais le plus de retrouver; cette odeur si particulière à l'Inde, que je ne saurais décrire. En l'espace d'une seconde, on passe d'une odeur agréablement épicée à l'âcreté envahissante de la pisse humaine... pour ne pas dire autre chose!

Finalement, ce n'est pas cela qui m'a le plus frappée, mais cet intense brouillard qui s'est écrasé sur la ville de Delhi durant l'hiver, et qui a causé de nombreux retards et détournements d'avion. Il y a un peu de Lima dans cette grisaille, pourquoi faut-il que Delhi prenne justement le seul défaut de la capitale Péruvienne qu'elle n'avait pas jusqu'à présent?!! Dans le taxi, je laisse mes pensées filer...et je me rends compte que je redécouvre la ville. Bien sûr, je (re)connais, l'étonnement n'est plus vierge, mais quand même, il plane un sentiment de nouveauté dans mon esprit, comme si la distance (géographique et culturelle) était trop grande entre les deux pays pour pouvoir conserver un souvenir intact de l'Inde.

J'ai posé ma valise et suis partie travailler, après deux nuits blanches, comme si de rien n'était. J'ai retrouvé Okhla Phase I, la zone industrielle aux airs de bidonville dans laquelle je suis loin de rouler ma bosse. Les vaches sont égales à elles même, maigres, sales, le poil ras, impassibles devant les nuages de poussière soulevés par chaque véhicule qui leur arrivent droit dans les yeux. J'ai retrouvé Shanti changée et plus de boulot encore qu'à mon départ. Mais le boulot me plaît, encore plus qu'avant; j'aime par dessus tout ma nouvelle équipe multiculturelle.

Bien sûr, j'ai également retrouvé la négociation, parfois longue et pénible, avec des chauffeurs de rickshaw qui disent à peine bonjour et font exprès de traîner le nez dans leur chaî quand, à 22H30, vous ne souhaitez qu'une chose, quitter Okhla et rentrer dîner. J'ai retrouvé Maniram et sa petite famille, Shaleen et Valérie (malheureusement plus pour longtemps) et Heera, les joyeux colocataires de Shivalik... Mais il manque quelqu'un à l'appel; je n'ai pas retrouvé ma Céline, cette brunette drôle et patiente qui mettait de la vie dans cette maison. Tu me manques, Céline! Cindya, qui a pris sa chambre, est une allemande que j'avais rencontrée au Pérou lors d'un voyage dans le Nord du pays, et travaille maintenant avec moi chez Shanti. Pertes et retrouvailles, tristesses et joies d'un expat'...


La routine reprend vite le dessus, rickshaw boulot dodo. Tenue en éveil par une musique bollywood trop forte dans le rickshaw, assez forte pour couvrir les bruits de la rue et entraîner mes pensées, mes yeux vagabondent. Soudain, sur ma droite, deux sofas chatoyants nous dépassent, tirés par des hommes qui les ont hissés sur des charrette. Ils m'évoquent une affiche de film français, impossible de mettre un nom dessus, et, comme d'habitude, je regrette de ne pas avoir pris mon appareil avec moi. Ce sont ces moments-là qui, j'en suis sûre, me manqueront le plus dans quelques années.



Après avoir passé mon samedi de libre à glandouiller au lit (je m'en veux encore!), j'ai décidé, dimanche, de partir à la découverte de cette capitale que je connais trop peu. Avec Antoine, un étudiant rencontré sur le vol du retour Doha Delhi, je suis donc allée visiter la tombe de l'empereur Humayun, un complexe d'architecture moghole du XVI eme siècle (voir les photos). Quelle en fut pas ma surprise en découvrant sa grandeur et sa tranquillité: un havre de paix au milieu de Delhi, un mur du son qui arrête jusqu'aux bruits de klaxons incessants.




Après avoir fait le tour du complexe, et regretté de n'y avoir pas pique niqué, nous avons pris un chai près d'une sorte de maison en bambou, entourés de verdure et accompagnés des chants des perroquets verts qui se confondent avec les feuillages. En prenant le chemin de la sortie, nous découvrons encore des ruines, encore des coins à explorer. La lumière est magnifique, le soleil se couche et une petite brise se lève, il est temps de rentrer.

Je me suis promis d'essayer de profiter plus de Delhi, cette ville où l'on sent vraiment l'empreinte du passé et la force de l'histoire. Une histoire qui continue à vivre, non seulement à travers ses traditions, mais à travers sa culture et les gens qui y adhèrent. Visiter la capitale colle parfaitement avec mon nouveau projet, économiser pour faire bientôt un grand tour d'Asie du Sud Est...