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vendredi 19 novembre 2010

Mon voisin le mort - 19/10/2010

C’était le soir ; je m’apprêtais à partir de l’agence, et à rejoindre Fanny à la maison, où les bons petits plats de Lily, notre adorable maid, nous attendaient patiemment dans une cuisine impeccable, lorsque mon téléphone sonna. C’était Fanny justement. Elle voulait savoir quand je rentrais, et, profitant de m’avoir au bout du fil, m’annonçait une « surprise » dans le village. Elle refuse d’en dire plus malgré mes tentatives pour deviner (« ils ont édifié un nouveau temple ? enseveli la rue de sable ?, etc »), mais me met en garde : « ne vas pas trop vite en vélo quand tu arrives près de la maison ». Intrigant !

La jeune Lily

Je pédale, tout en continuant mon jeu de devinettes. Aux aguets, j’imagine ce que ce petit village surprenant a bien pu encore nous jouer comme tour. Mais, arrivée à Vaithekuppam, je ne note rien d’anormal. Je m'engage dans la "grande" rue qui précède la nôtre : toujours rien à l'horizon.

Serait-ce donc dans notre ruelle qu’il se passe quelque chose ?! Effectivement, je ralentis, car quelques personnes veillent là dehors, rassemblées autour... d’un cercueil transparent et décoré de fleurs, et qui laisse totalement voir le mort qui repose paisiblement… (Comment il se conserve par cette grande chaleur, c’est une autre question).


Ces cercueils, je les connais bien, pour en croiser souvent des vides sur le trottoir à côté de l’hôpital, devant lequel je passe parfois le matin pour me rendre au bureau. Et puis, ça n'est pas la première fois que je vois un mort exposé aux yeux de tous dans sa boîte transparente, lorsque maman était là, nous en avions vu un à Vaithekupam. Par contre, c’est bien la première fois que j’ai un mort comme voisin…et ça fait une drôle d'impression.

Alors que je gare mon vélo, jetant des coups d’œil furtif à la scène inhabituelle, une pensée pas très catholique me vient à l’esprit, "pourvu qu’ils ne chantent pas toute la nuit" ! L’histoire veut que non, ils n’ont pas chanté toute la nuit, ils n'ont commencé qu'aux aurores... Lamentations, pleurs et cris ont alors eu lieu pendant deux jours.


Lorsque je suis descendue le lendemain matin, le paysage avait changé, plus de chaises, un genre de chapiteau dressé au dessus de leurs têtes et un orchestre (orchestre qui m'a d'ailleurs tant suivi des yeux à mon passage que j'en fus horriblement gênée par rapport au mort). Au bout de la rue, des feuilles de bananiers chargées de fruits formaient une arcade, comme pour frayer un chemin au mort vers son autre vie Ou bien pour tout simplement pour indiquer l'endroit du deuil aux personnes venues témoigner de leur respect...

lundi 8 novembre 2010

Le Rickshaw musical (01/01/2010)

Il était une fois, une fin de soirée animée chez Sylvain, à Colas Nagar, c'est-à-dire dans un coin reculé de Pondicherry… Il était une fois, une gent masculine de moins en moins galante, qui nous laisse partir à pied à la recherche d’un « touc touc » dans les rues désertes de Colas Nagar à deux heures du mat’. Il faut dire, nous sommes de la dernière espèce à ne pas posséder de moto ou de scooter ici ! Il était une fois trois filles, Audrey, Fanny et moi, légèrement pompettes, qui cherchaient un rickshaw dans les rues désertes de Colas Nagar à deux heures du mat’, en pestant contre la gent masculine qui n’est plus du tout galante.

Soudain, après un quart d’heure de marche ou plus -on perd la notion du temps lorsqu’on est « gai »- un trois roues apparaît dans la rue. Notre sauveur ! La négociation est dure, nous finissons par nous accorder sur 90 INR et Audrey promet une chanson en prime. Le pauvre chauffeur en reste interdit, ne sachant pas s’il devait démarrer, ne comprenant pas quel était ce prix de consolation. On lui fait signe de démarrer et on commence à chanter à tue tête, en français, en anglais, en franglais.

Et là, bonne surprise ! Nous trouvons une fine oreille, un public, un fan quoi. Les chansons défilent avec le paysage, nous lui en réclamons une en tamil. Et nous devenons alors des fines oreilles, un public, des fans quoi. Il chante bien, le chauffeur de touc touc (même s’il est incapable de garder les mains sur son guidon ; les Indiens, quand ils chantent, ça n’est pas à moitié). Il est à fond, nous sommes à fond, on chante, on hurle, on danse presque…

Mais tout a une fin et nous arrivons à bon port. Nous remercions « Antoine » - le chauffeur – chaleureusement et rentrons chez nous en fredonnant des airs indiens…