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lundi 28 septembre 2009

De Château-Renault au château de Neemrana...

La vie de Palace, PARTIE I: On N'eemra, Na!

Un cracheur de feu, lors des danses du soir au Neemrana

Le dernier WE de Septembre était un WE festif pour l'Inde; encore un festival religieux que je voyais me passer sous ne nez, tout comme mon WE escompté loin de Delhi, puisqu'aucun train, pour Nainital, Bundi ou même Rishikesh, n'affichait de disponibilité. Tout, absolument tout, était plein, deux semaines à l'avance. Le temps passant, je commençais à me résoudre à passer mon WE à Delhi, et à visiter les sites de la capitale que je n'ai jamais le temps de voir.

Mais Sara, une collègue italienne, ne l'entendait pas ainsi. D'intenses fouilles furent entreprises sur la mine de Google et sur la base de données "Forts de campagne et Palais du Rajasthan" de Shanti, afin de nous dégoter un joyau où passer la nuit du samedi au dimanche. Les trains étant tous blindés, il nous fallait trouver un fort non loin de la Grande Polluée, afin de nous y rendre en voiture (je rassure tout le monde, ce n'est pas moi qui conduis). Louer une voiture avec chauffeur pour deux jours en Inde ne revient pas si cher, à condition d'être au moins 4 à en profiter. Moi, Logaine, Céline et Sara.


De droite à gauche: notre chauffeur, son meilleur ami et Logaine


Maintes fois j'ai cru que nous allions abandonner, pas de place pour tel fort, tel autre trop loin, tel autre trop cher, etc. Mais, au final, une suite pour 4 personnes nous tendit la main au Neemrana Fort, hôtel que je rêve de visiter depuis que je le conseille aux clients qui souhaitent se reposer entre deux étapes au Rajasthan. La chaîne des « non hôtels » hôtels Neemrana appartient à un Français et décline son offre en 14 Palais historiques répartis dans toute l'Inde, de siècles différents, tous rénovés en de magnifiques "non hôtels". Plus d'information, cette fois non sur le blog de Céline, mais sur leur site Internet: http://www.neemranahotels.com/

Un secrétaire dans l'une des chambres visitées

Samedi matin. Tôt. Je quitte la maison endormie et une capitale encore relativement calme, après une nuit presque blanche. Je tombe comme une masse dans la voiture, bercée par le flot des paroles de Logaine et Sara, qui font joyeusement connaissance avec Dharmveer, notre chauffeur. Je ne me réveille que sur la dernière heure d'un trajet délicieux. Dharmveer, pour éviter les encombrements de la grand route, nous fait passer par Shahjahanpur, un magnifique petit village du Rajasthan. Je dis magnifique, ce n'est peut-être pas le mot, ce que je veux dire par là, c'est que c'est un village typique, et que les scenettes de vie qui se succèdent devant mes yeux sont authentiques. C'est un régal. Des femmes colorées portent sur leurs têtes des paniers de bouses, pour réveiller le feu sous les chapattis en cour de cuisson. Des hommes jouent aux cartes en fumant des biris sur le palier d'une bicoque. Une femme couverte de haut en bas – par respect, nous dit le chauffeur. Des champs entiers d'un genre d'épis de maïs couverts d'une poussière qui tombe lorsqu'on les frotte, et laisse découvrir une multitude de petites boules grises, semblables à du polystyrène. Ils servent à fabriquer la farine des rôtis (le pain qui accompagne le dâl). Et par moment, au détour d'un chemin en terre étroit, de magnifiques havelis (anciennes maisons nobiliaires) nous tapent l'oeil, certaines plus entretenues que d'autres, mais toutes belles, colorées, avec des faïences et des motifs, des éléphants, etc.

Notre compagnon de terrasse

Notre excitation de voir le Neemrana Fort Palace ne fait que croître à mesure que l'on retarde notre arrivée. Tout d'abord par un repas léger au dhaba (anticipant les prix des repas au Fort de luxe), constitué pour moi d'une parantha (encore un autre type de pain) trempé dans le Milka péruvien fondu de Logaine; ensuite par la visite du « baudi », anciens puits royaux de 9 étages sous terre. C'est impressionant, lorsqu'on arrive on ne voit qu'un long mur, et si on le contourne par la gauche, alors un escalier s'enfonce dans des profondeurs que le soleil n'atteint presque pas.

Le quatuor gagnant: Logaine, Céline, Sara et moi


Je n'ai pas commenté le paysage qui nous entoure: des monts, des monts, des monts... les Aravellis! Tout est verdoyant, calme, les collines donnent naissance à d'autres collines au loin... et, en tournant la tête, on aperçoit notre Fort, notre Palais d'une nuit! La caverne d'Ali Baba. Le Neemrana. Cette fois-ci, l'excitation est à son comble, on remonte vite dans le carosse qui nous mènera aux pieds de cet imposant fort.

Logaine fait la toupie



Notre couche, à Céline et moi


Notre patience est encore un peu mise à l'épreuve, notre chambre, pardon, notre Suite, n'étant libérée qu'à 14H. Ce n'est pas tellement gênant, nous laissons nos sacs à la réception et commençons à explorer les innombrables parties du Fort: de multiples terrasses donnant vue sur un paysage luxuriant, la piscine, les jardins, etc. Le fort est constitué de deux parties, une ancienne et une « moderne ». Il a été restauré en 1986 (je crois), et comporte maintenant 55 chambres. On passe un pacte avec les filles: celle qui se marie ici invite les autres :-)
(le prix d'un mariage au Neemrana est de 10 ou 12 Lak)

Les tables du dîner

Vue sur la piscine

Le temps passe vite et notre Suite nous est vite présentée: le feeling passe bien, même très bien, entre la "Mata Mahal" (littéralement le "Palais des Déesses") et nous quatre. On y accède par un escalier qui descend « sous » le fort, qui mène à une pièce remplie de balancettes qui font face à une vue magnifique, au bout de laquelle se trouve une lourde porte en bois. Notre suite deluxe.
Spacieuse, elle comporte 4 lits, un double qui trône au milieu de la pièce, et deux simples, bien arrangés dans des renfoncements de mur. Le mobilier est très joli, paravents colorés, armoire et bureau en bois sombre, sans doute originaire du Kérala (Sud de l'Inde). Et puis, il y a la terrasse privée, spacieuse, à l'abri des regards indiscrets, qui embrasse les arbres et la nature vallonnée qui se couche à ses pieds.




Je ne vais pas trop m'attarder sur le reste du WE... ce ne fût que farniente, promenades dans le Fort (il est tellement grand que des audioguides sont à disposition à la réception pour en faire la visite), piscine, mangeaille... A 18H, avant de passer à table, nous avons pu voir une représentation de danses rajasthanes, donnée sur la terrasse du goûter (il faut savoir que petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner sont servis à 4 endroits différents du Fort). Le plus jeune artiste était impressionnant dans ses acrobaties, et a réchauffé l'audience en crachant de grandes flammes de feu.

Quant au buffet... que puis-je dire, on comprend où passent nos 700 roupies! (10€) Un immense choix de plats délicieux, de la viande, du vég, des entrées froides, de la soupe, toutes sortes de pains, des plats indiens, européens, épicés, non épicés,; etc... Et surtout, surtout, une ronde de desserts, chose qui fait souvent défaut à la cuisine indienne! Tarte coco, glace vanille, mousse au chocolat, salade de fruits, crumble et crème anglaise ont rejoint mon assiette et satisferont mon palais pour les lunch box de la semaine à venir!

Sur le chemin entre Delhi et Neemrana

Emportées par l'humeur du moment et un cadre magnifico-romantique, Céline et moi craquons pour une bouteille de vin blanc... presque au prix de la chambre (nous avions oublié les taxes à rajouter sur la note du lendemain...). Non, on n'a pas craqué pour un excellent et rarissime millésime, seulement voilà, le vin en Inde, comme je l'ai sans doute déjà mentionné, est très, très cher... Et nous sommes très, très malheureuses en soirée (surtout moi, qui n'aime pas la bière). Alors, quitte à faire dans le luxe, autant jouer cette carte à fond! (et puis ça reste un WE à 70€ tout compris, transport, logement et nourriture). Seulement voilà, tant de nourriture plus la fatigue accumulée... font que notre bouteille reste désespérément pleine, tout comme nos verres! Hors de question de jeter le précieux liquide, nous gardons la bouteille au frais pour le lendemain.


Une autre chambre que la nôtre

Vue depuis notre terrasse privée

Et, le lendemain, vers 11H nous nous servons un petit apéro sur notre terrasse privée... et là, la bouteille de vin ne nous résiste pas! A 14H, Logaine nous quitte pour aller déjeuner chez le meilleur ami de notre chauffeur, qui nous a gentiment invitées. Je voulais y aller au début, afin de découvrir l'hospitalité et les traditions indiennes, mais je change d'avis, voulant encore profiter du Fort, et puis je n'ai plus tellement faim!! L'aprem file à vitesse grand V, entre la visite des chambres (ça a du bon de travailler pour Shanti :-) Par contre, la Suite la plus chère du fort, à 21000 roupies, était occupée). Au lieu de me rendre à la salle de sport, vide et joliment décorée, je m'endors profondément sur mon transat...et ne me réveille qu'au retour de Logaine vers 18H, heure du départ programmée... Nous quittons le Fort, à contrecoeur... Ah, si j'étais riche!!!
Un verre de vin bien méritée (bouteille au prix de la chambre!!)

vendredi 25 septembre 2009

Wagah Border, une simple frontière sur la terre?! ...

Entre l'Inde et le Pakistan...

Le soleil se couche ... lentement, il s'éloigne de l'Inde pour aller s'écrouler du côté de son voisin, le Pakistan. Un même soleil partagé entre deux pays à l'histoire si conflictuelle depuis 50 ans. Bien sûr, outre le soleil, les deux pays partagent aussi une frontière. D'un côté, des hommes à l'uniforme marron-vert kaki et des plumes de coq sur la tête, de l'autre, des silhouettes noires, me semble t-il; d'un côté, un bout de tissu vert, orange et blanc hissé haut dans le ciel, de l'autre, un tissu vert foncé barré d'une lune blanche et de son étoile.

Un "militaire" indien qui marche vers la frontière

Hier soir, je suis allée au cinéma voir un Bollywood, Dil Bole Haddipa (littéralement "le coeur crie Youpi!"); le film se déroule au Pendjab (l'état où nous nous trouvons à ce moment précis du récit), et la frontière de Wagah tient un rôle important dans ce Bollywood, qui met en scène un match de cricket entre deux nations qui se respectent et s'embrassent dans un Happy Ending. Aussi peu probable que de voir Marseille/PSG se sauter dans les bras après la défaite cuisante de l'un des deux clubs... Dans la réalité, l'Inde et le Pakistan sont loin de se lancer des oeuillades cordiales, en témoignent les articles de la presse quotidienne...

Quelque part entre le rêve (Bollywood) et la réalité (l'Inde), il y a le rituel quotidien de la frontière. Un peu comme la cérémonie des "Bobbies" au Palace de Londres... mais en plus "animée", "animale".
Les guides conseillent de se rendre de très bonne heure à la frontière, étant donnée l'affluence observée chaque soir, en particulier le WE. Et ce ne sont pas seulement des touristes curieux qui viennent étancher leur soif de voyeurisme mal placé; la majorité sont Indiens... et Pakistanais de l'autre côté, j'imagine.
Nous voici donc à 16H au milieu de nulle part: l'unique route sableuse est un chapelet de charettes de pop corn, chips, boissons et autres fritures végétariennes.

Il faut attendre. Je m'achète un mais grillé au charbon. Rien à envier au choclo peruano, mais on s'habitue au goût grillé, salé et citronné de ce mets très économique.

Dans les premières installées!

Un peu plus tard, nous rejoignons la foule déjà agglutinée derrière une barrière close et gardée. Tout à coup, l'incroyable arrive. Tout à coup, et tout à fait bizarrement, je bénis le ciel d'appartenir à la gent féminine. Il a fallu former une file exclusivement constituée de femmes, et passer la barrière bien avant nos homologues masculins. Nous avançons tout droit, moi, mes collègues et de nombreux saris. Après avoir été fouillées et tripotées par des femmes militaires à l'uniforme bien plus laid que celui des militaires hommes, nous arrivons enfin à la frontière.


Je ne l'ai pas fait exprès, mais regardez à gauche...

Nous pouvons prendre place sur de grands gradins blancs, heureusement encore vides, mais qui ne tarderont pas à être noirs de monde et brûlants d'agitation. Commence alors une longue attente. On nous passe de la musique, et les gradins se chauffent la voix sur le refrain de Jai Ho, la désormais célèbre chanson du film Slumdog Millionaire.

Mais rien ne se passe. D'ennui ou d'excitation, des Indiennes transforment la route en piste de danse, sous nos yeux. Parfois, entre deux chansons, le silence revient et laisse entendre un entêtant refrain "de l'autre côté": "Pakistan, Pakistan, Pakistan". Vite, vite, une autre chanson indienne, plus forte, plus forte!!

L'arrivée à Wagah Border

Et ça se déhanche, et ça bollywood dur en bas; les épaules ondulent, les hanches roulent et battent le rythme par petits à coups, à gauche, à droite, et les visages rayonnent de sourires... Je reste scotchée devant une fillette en uniforme-cravate qui danse merveilleusement bien.

Une fois les danses finies, il faut trouver un autre jeu. Toujours sur fond musical, les Indiennes s'amusent à faire des allers et retours vers la frontière en courant, le drapeau indien à la main. Elles se relaient, comme en cours d'endurance. Cela fait-il partie du spectacle? Difficile à dire, ce dernier étant tellement désordonné! Heureusement qu'il s'agit de l'armée, censée apporter ordre et droiture au peuple...

J'ai oublié un élément important. J'avais lu que la cérémonie ressemblait à un match de foot, avec de fervents supporters de chaque clan, qui s'inscrivait sur fond de nationalisme exacerbé. C'était sans doute le cas pour les Indiens, mais les gradins pakistanais sont restés quasi vides... Serait-ce à cause du ramadan?

Le coucher du soleil vers le Pakistan

Enfin, un semblant d'organisation pointe le bout de son nez; le soleil comment à fatiguer, et la foule est complètement surexcitée, scandant des mots que je ne comprends pas en montrant le poing. Effectivement, le fond de nationalisme exacerbé est bel et bien là. Certains diront qu'ils ont rerssenti une grande violence de la part du peuple indien, limite effrayante.

Les gradins en face des nôtres

J'ai été un peu déçue par le "spectacle" en soi; il s'est tout d'abord apparenté à un échauffement de chorale (une vidéo serait ici plus parlante que mes mots). Chaque bobby indien, bien rangé et bien droit dans sa ligne, hurle à la lune dans un micro, rituel qu'il répète deux ou trois fois. Puis, Bobby prend des allures de soldat de plomb et, tout en lançant ses bottes loin devant, l'air hyper sérieux (alors que soyons honnête, ce n'est pas très gracieux), se dirige vers la frontière, où bobby pakistanais est censé faire miroir. J'ai l'impression que les Pakistanais se prêtent moins au jeu, peut-être parce que les Indiens sont si surexcités et qu'il n'y a aucun spectateur de l'autre côté. Ou peut-être parce que je ne vois pas bien ce qu'il se passe de l'autre côté.

Le petit jeu s'éternise, et ce qui aurait pu durer 5 minutes en a duré 40. Beau final tout de même, je en parle pas de la coda de la chorale mais bien de l'abaissement des deux drapeaux. Un des Indiens le rapporte fièrement à bout de bras, bien plié, tandis que le Pakistan fait de même... dans la direction opposée!




Pas d'ordre pour la sortie, tout le monde pousse et se rue vers les bus et les rickshaws. En conclusion, je suis contente d'avoir connu ça, mais pas au point d'en acheter le DVD Souvenir!!

samedi 19 septembre 2009

Après les cités d'Or du Pérou, le Temple d'Or en Inde

Ce qui n'était qu'une vague idée lancée par Patricio, mon collègue argentin, nous rendre au Temple d'Or un WE, a donné lieu à une véritable colonie de vacances entre collègues et amis. Jour après jour, nous avons noirci la liste des inscrits pour un WE de pèlerinage vers le berceau de la religion Sikh.

Jusqu'alors, le Temple d'Or désignait pour moi le plus beau temple hindu de Benares (celui qui est interdit aux étrangers mais dont j'ai quand même franchi le seuil gardé, en échange d'une prière à Shiva). Mais le vrai Temple d'Or est en fait un temple du XVIIe du Nord de l'Inde, situé à Amritsar, dans le Pendjab, à 20 km seulement de la frontière pakistanaise.

Encore une fois, je me permets de vous renvoyer au blog de Céline pour plus de précisions concernant la religion sikh, faute de temps et de retard accumulé dans mes posts...

Partir en colonie de vacances prend du temps. Le temps de rassembler 19 personnes éparpillées dans une ville surchargée dans deux mini van ("tempo travellers"). Le temps de sortir de la capitale embouteillée, surtout lorsque, une fois de plus, la mousson vient mettre son grain de pluie. Nous avançons à pas d'excargots, entourés de gros camions qui cherchent eux aussi à s'échapper de la grande polluée. 2H plus tard, nous nous arrêtons comme prévu dans un "dhaba" (petite gargote) pour dîner... sauf que nous n'avons parcouru... qu'une vingtaine de kms?!!! ça promet pour les 452 restants...

(en Inde, il faut compter environ du 50 km heure... de quoi vous changer la vision d'un "long" voyage... la France ne paraît soudainement plus si inaccessible!)

Le dhaba est sympa, coincé entre les étalages colorés de boutiques vendant bocaux et sachets d'épices diverses, de petites boules digestives et autres condiments moins appétissants. Enfin, commence le vrai voyage, à mesure que le dhaba et ses bocaux hétéroclites rétrécissent dans le rétro de la tempo.


Un indice: c'est doré et ça brille au loin...

Enfin, après 3 arrêts sur la route et de nombreux coups de freins brutaux à m'en tordre parfois les entrailles, nous voici à Amrisar, presque 15H après avoir quitté Delhi.

(Je me permets d'insister, 15 heures pour parcourir 500 kms...)

Le soleil brille, la mousson ne nous a pas suivis. Alors que notre troupeau tente de se frayer un chemin dans la ville entre vaches, vélos et voitures, mon regard se pose au loin et un petit dôme doré se reflète dans mes pupilles...

Contrairement au Taj Mahal, il est possible d'apercevoir le temple sacré au loin, de le voir grossir tandis qu'on se dirige dans sa direction... Je presse le pas, mon coeur battant plus fort d'excitation. Tant de kilomètres trouvent enfin leur raison d'être!

A l'entrée du temple, il faut laisser sacs et chaussures en consigne (gratuite), enfiler un petit bandana gracieusement prêté (je choisis le doré, tant qu'à faire) si l'on ne veut pas en acheter un aux vendeurs ambulants, et tremper nos pieds dans un bassin purificateur...


Jalianwalla Bagh, Jardin du massacre des Sikhs par les Anglais en 1919...

Posé au centre d'un complexe blanc comportant diverses parties (salles des gourous, musée des sikhs, etc), le temple d'or trône au milieu de l'Amrit Sarovar (qui a donné le nom d'Amritsar), son bassin de nectar, dans lequel les sikhs viennent faire leurs ablutions, de concert avec les énormes poissons rouges qui nagent près de la surface.

Partout autour de nous, des Sikhs plongent sur le sol marbré et se prosternent pour prier. Il règne autour de ce temple une atmosphère de paix; cette religion m'apparaît saine, apaisante, et pourtant les Sikhs sont réputés pour être de féroces guerriers...en témoignent le petit poignard qu'ils ont toujours sur eux, et le musée sikh aux atroces peintures.

A chaque coin du bassin, nous admirons le temple sous un angle différent; je ne suis jamais rassasiée! Un grand arbre nous intrigue: un homme nous explique qu'il est très ancien. Apparemment, c'est l'arbre de la fécondité. Si c'est ça, alors allons-y, touchons le et abandonnons quelques piecettes à son pied, par précaution, les 30 ans n'approchent jamais trop lentement...
Amritsar, la ville du doré...
Une partie de notre groupe
En Inde, il n'est pas rare que des garçons nous demandent des clichés avec (ou de) nous. Généralement, je refuse, l'ayant trop fait durant les deux semaines qui suivirent mon arrivée. Je n'accepte que s'il s'agit d'enfants, car j'aime entendre la cascade de rire qui les secoue quand ils se voient sur le mini écran de mon Panasonic. Cette fois-ci, c'est une petite grand-mère (cf photo ci-dessus) qui vient me supplier de la prendre devant le temple. Son neveu ou petit fils l'accompagne et appuie sa demande. Elle est belle...

Mon doigt appuie à plusieurs reprises sur le déclencheur. Elle est si sérieuse, la petite vieille, et si heureuse à la fois, que j'en ai presque les larmes aux yeux. Lorsque je lui montre le chef d'oeuvre, elle se fond en remerciements, jointe par son neveu/ petit-fils... Quelle est la valeur d'une photo numérique pour nous? Qu'en retire t-elle, cette femme frippée par le poids des années, de cette fraction de seconde où elle voit deux images superposées, la sienne et celle de son lieu de culte? Sans doute cette fraction de seconde lui servira t-elle à mémoriser cet instant magique et désormais immortalisé...


Un Sikh, son poignard et le bassin de nectar

Le tour du bassin est relativement rapide; la queue pour pénétrer le temple est si étendue que nous n'aurions pas le temps d'en faire le huitième; en effet, à 14H nous devons repartir pour la frontière pakistanaise, où a lieu chaque soir au coucher du soleil un étranger spectacle. Mais ceci fera l'objet du prochain post.


Attention, notez la selle dorée ;-)

Le temps de parcourir les 20 kms qui nous séparent du Pakistan, de prendre place dans l'arène, et de nous échapper des embouteillages le soir, lorsque tous repartent vers Amritsar, nous arrivons au temple vers 21H00, crevés. L'idée est de manger et dormir dans le temple même (enfin, dans les bâtisses qui entourent le temple).

Je tiens à préciser que le temple est entièrement régi par des volontaires Sikhs (tout Sikh est censé, au moins une fois dans sa vie, prêter main forte au Temple d'Amritsar). Leur organisation parfaite me bluffe; rien n'est laissé au hasard, tout est propre, et les volontaires sont toujours en activité et en harmonie, un peu comme une colonie de fourmis!

Les dortoirs du temple comportent des chambres plus ou moins grandes, tout à fait correctes. C'est gratuit, mais ouvert aux dons. Les toilettes sont d'une propreté irréprochable, bien plus propres, je suis sûre, que la plupart des hôtels des alentours. Affamés, nous filons dîner. En passant devant les cuisines, j'ai l'impression d'être projetée dans le décor de Charlie et la chocolaterie. D'immenses marmites laissent échapper des filets vaporeux aux odeurs alléchantes...

10 000 repas gratuits (toujours sur un système de dons) sont servis chaque jour, à quiconque prend place dans la salle prévue à cet effet, peu importe la caste, le sexe, la religion, la couleur de peau. Nous arrivons près d'un escalier où l'on nous tend assiette, couverts (enfin, une grande cuillère juste, comme de coutume en Inde) et un petit bol. Une fois en haut des escaliers, je crois défaillir en voyant le monde qui attend dans le couloir, assis sur le bord des portes vitrées du « self ». Mais, 10 minutes plus tard, la salle se vide et la valse des serpillères commence. En 2 temps 3 mouvements, la salle se vide, est nettoyée et se remplit pour un nouveau service !

Assis en tailleur, l'assiette posée devant moi, j'observe. Les serveurs passent entre les rangées sages avec d'énormes pots métalliques remplis de dâl et de légumes, et nous versent de grosses louchées dans l'assiette compartimentée. On reçoit les chapattis chauds en tendant nos demain vers la grosse corbeille qui cache le visage de l'homme qui les sert.



Le petite grand-mère devant sa photo

Le repas est délicieux, et il y a même un dessert, une sorte de riz au lait très sucré avec noix de coco et raisins secs. 15 minutes plus tard, je me dirige vers la porte, poussée par une serpillère qui crache une eau sale sur mes pieds. Il est temps de laisser place aux prochains affamés.

En redescendant, je m'arrête pour filmer un spectacle original. Les volontaires se balancent la vaisselle sale à la chaîne, un peu comme les Gaulois dans Astérix, pour illustrer. Le bruit dépasse les 90 décibels je pense, des bruits de métal qui cogne, de chariots qu'on roule, d'eau qui coule pour rincer les restes de dâl et de riz.



Nous faisons un petit tour de bassin, histoire d'admirer le Temple de nuit, tout illuminé, plus beau que jamais. Et puis à 22H, c'est la Cérémonie, celle durant laquelle on transporte le Livre Géant, du Gourou vers le Temple (je crois). Cette Cérémonie est répétée tous les matins vers 4H; la Bible fait alors le chemin inverse.

Il n'y a plus de queue devant le Temple. Nous nous dirigeons, pensant le trouver fermé, mais il est encore ouvert aux visites, quelle chance!! A l'intérieur, les Sikhs rangent et nettoient en chantant à l'unisson. Encore une fois, je suis bluffée... une telle harmonie, une telle paix... et un temple magnifique. Des finitions, des enluminures, et de l'or fin, partout. De grands lustres, des rampes dorées, une vue à couper le souffle à chaque étage (il y en a deux plus le toit).

Un Sikh perché sur trois escabeaux époussette chaque perle d'un immense lustre... un autre astique les rampes. Sur le toit, plusieurs hommes nettoient des pots, dorés bien sûr. Je visite le temple doucement, voulant m'imprégner de toutes ces sensations, faire l'éponge et me souvenir, de tout ce que mes yeux voient... Dans un coin, j'aperçois un homme qui pleure doucement...et de nouveau, je suis émue.




Le temple d'or, on comprend pourquoi...

Un sikh en train de prier