La vie de Palace, PARTIE I: On N'eemra, Na!
Un cracheur de feu, lors des danses du soir au Neemrana
Le dernier WE de Septembre était un WE festif pour l'Inde; encore un festival religieux que je voyais me passer sous ne nez, tout comme mon WE escompté loin de Delhi, puisqu'aucun train, pour Nainital, Bundi ou même Rishikesh, n'affichait de disponibilité. Tout, absolument tout, était plein, deux semaines à l'avance. Le temps passant, je commençais à me résoudre à passer mon WE à Delhi, et à visiter les sites de la capitale que je n'ai jamais le temps de voir.
Mais Sara, une collègue italienne, ne l'entendait pas ainsi. D'intenses fouilles furent entreprises sur la mine de Google et sur la base de données "Forts de campagne et Palais du Rajasthan" de Shanti, afin de nous dégoter un joyau où passer la nuit du samedi au dimanche. Les trains étant tous blindés, il nous fallait trouver un fort non loin de la Grande Polluée, afin de nous y rendre en voiture (je rassure tout le monde, ce n'est pas moi qui conduis). Louer une voiture avec chauffeur pour deux jours en Inde ne revient pas si cher, à condition d'être au moins 4 à en profiter. Moi, Logaine, Céline et Sara.
De droite à gauche: notre chauffeur, son meilleur ami et Logaine
Maintes fois j'ai cru que nous allions abandonner, pas de place pour tel fort, tel autre trop loin, tel autre trop cher, etc. Mais, au final, une suite pour 4 personnes nous tendit la main au Neemrana Fort, hôtel que je rêve de visiter depuis que je le conseille aux clients qui souhaitent se reposer entre deux étapes au Rajasthan. La chaîne des « non hôtels » hôtels Neemrana appartient à un Français et décline son offre en 14 Palais historiques répartis dans toute l'Inde, de siècles différents, tous rénovés en de magnifiques "non hôtels". Plus d'information, cette fois non sur le blog de Céline, mais sur leur site Internet: http://www.neemranahotels.com/
Un secrétaire dans l'une des chambres visitées
Samedi matin. Tôt. Je quitte la maison endormie et une capitale encore relativement calme, après une nuit presque blanche. Je tombe comme une masse dans la voiture, bercée par le flot des paroles de Logaine et Sara, qui font joyeusement connaissance avec Dharmveer, notre chauffeur. Je ne me réveille que sur la dernière heure d'un trajet délicieux. Dharmveer, pour éviter les encombrements de la grand route, nous fait passer par Shahjahanpur, un magnifique petit village du Rajasthan. Je dis magnifique, ce n'est peut-être pas le mot, ce que je veux dire par là, c'est que c'est un village typique, et que les scenettes de vie qui se succèdent devant mes yeux sont authentiques. C'est un régal. Des femmes colorées portent sur leurs têtes des paniers de bouses, pour réveiller le feu sous les chapattis en cour de cuisson. Des hommes jouent aux cartes en fumant des biris sur le palier d'une bicoque. Une femme couverte de haut en bas – par respect, nous dit le chauffeur. Des champs entiers d'un genre d'épis de maïs couverts d'une poussière qui tombe lorsqu'on les frotte, et laisse découvrir une multitude de petites boules grises, semblables à du polystyrène. Ils servent à fabriquer la farine des rôtis (le pain qui accompagne le dâl). Et par moment, au détour d'un chemin en terre étroit, de magnifiques havelis (anciennes maisons nobiliaires) nous tapent l'oeil, certaines plus entretenues que d'autres, mais toutes belles, colorées, avec des faïences et des motifs, des éléphants, etc.
Notre compagnon de terrasse
Notre excitation de voir le Neemrana Fort Palace ne fait que croître à mesure que l'on retarde notre arrivée. Tout d'abord par un repas léger au dhaba (anticipant les prix des repas au Fort de luxe), constitué pour moi d'une parantha (encore un autre type de pain) trempé dans le Milka péruvien fondu de Logaine; ensuite par la visite du « baudi », anciens puits royaux de 9 étages sous terre. C'est impressionant, lorsqu'on arrive on ne voit qu'un long mur, et si on le contourne par la gauche, alors un escalier s'enfonce dans des profondeurs que le soleil n'atteint presque pas.
Le quatuor gagnant: Logaine, Céline, Sara et moi
Je n'ai pas commenté le paysage qui nous entoure: des monts, des monts, des monts... les Aravellis! Tout est verdoyant, calme, les collines donnent naissance à d'autres collines au loin... et, en tournant la tête, on aperçoit notre Fort, notre Palais d'une nuit! La caverne d'Ali Baba. Le Neemrana. Cette fois-ci, l'excitation est à son comble, on remonte vite dans le carosse qui nous mènera aux pieds de cet imposant fort.
Logaine fait la toupie
Notre couche, à Céline et moi
Notre patience est encore un peu mise à l'épreuve, notre chambre, pardon, notre Suite, n'étant libérée qu'à 14H. Ce n'est pas tellement gênant, nous laissons nos sacs à la réception et commençons à explorer les innombrables parties du Fort: de multiples terrasses donnant vue sur un paysage luxuriant, la piscine, les jardins, etc. Le fort est constitué de deux parties, une ancienne et une « moderne ». Il a été restauré en 1986 (je crois), et comporte maintenant 55 chambres. On passe un pacte avec les filles: celle qui se marie ici invite les autres :-)
(le prix d'un mariage au Neemrana est de 10 ou 12 Lak)
Les tables du dîner
Vue sur la piscine
Le temps passe vite et notre Suite nous est vite présentée: le feeling passe bien, même très bien, entre la "Mata Mahal" (littéralement le "Palais des Déesses") et nous quatre. On y accède par un escalier qui descend « sous » le fort, qui mène à une pièce remplie de balancettes qui font face à une vue magnifique, au bout de laquelle se trouve une lourde porte en bois. Notre suite deluxe.
Spacieuse, elle comporte 4 lits, un double qui trône au milieu de la pièce, et deux simples, bien arrangés dans des renfoncements de mur. Le mobilier est très joli, paravents colorés, armoire et bureau en bois sombre, sans doute originaire du Kérala (Sud de l'Inde). Et puis, il y a la terrasse privée, spacieuse, à l'abri des regards indiscrets, qui embrasse les arbres et la nature vallonnée qui se couche à ses pieds.
Je ne vais pas trop m'attarder sur le reste du WE... ce ne fût que farniente, promenades dans le Fort (il est tellement grand que des audioguides sont à disposition à la réception pour en faire la visite), piscine, mangeaille... A 18H, avant de passer à table, nous avons pu voir une représentation de danses rajasthanes, donnée sur la terrasse du goûter (il faut savoir que petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner sont servis à 4 endroits différents du Fort). Le plus jeune artiste était impressionnant dans ses acrobaties, et a réchauffé l'audience en crachant de grandes flammes de feu.
Quant au buffet... que puis-je dire, on comprend où passent nos 700 roupies! (10€) Un immense choix de plats délicieux, de la viande, du vég, des entrées froides, de la soupe, toutes sortes de pains, des plats indiens, européens, épicés, non épicés,; etc... Et surtout, surtout, une ronde de desserts, chose qui fait souvent défaut à la cuisine indienne! Tarte coco, glace vanille, mousse au chocolat, salade de fruits, crumble et crème anglaise ont rejoint mon assiette et satisferont mon palais pour les lunch box de la semaine à venir!
Sur le chemin entre Delhi et Neemrana
Emportées par l'humeur du moment et un cadre magnifico-romantique, Céline et moi craquons pour une bouteille de vin blanc... presque au prix de la chambre (nous avions oublié les taxes à rajouter sur la note du lendemain...). Non, on n'a pas craqué pour un excellent et rarissime millésime, seulement voilà, le vin en Inde, comme je l'ai sans doute déjà mentionné, est très, très cher... Et nous sommes très, très malheureuses en soirée (surtout moi, qui n'aime pas la bière). Alors, quitte à faire dans le luxe, autant jouer cette carte à fond! (et puis ça reste un WE à 70€ tout compris, transport, logement et nourriture). Seulement voilà, tant de nourriture plus la fatigue accumulée... font que notre bouteille reste désespérément pleine, tout comme nos verres! Hors de question de jeter le précieux liquide, nous gardons la bouteille au frais pour le lendemain.
Une autre chambre que la nôtre
Vue depuis notre terrasse privée
Et, le lendemain, vers 11H nous nous servons un petit apéro sur notre terrasse privée... et là, la bouteille de vin ne nous résiste pas! A 14H, Logaine nous quitte pour aller déjeuner chez le meilleur ami de notre chauffeur, qui nous a gentiment invitées. Je voulais y aller au début, afin de découvrir l'hospitalité et les traditions indiennes, mais je change d'avis, voulant encore profiter du Fort, et puis je n'ai plus tellement faim!! L'aprem file à vitesse grand V, entre la visite des chambres (ça a du bon de travailler pour Shanti :-) Par contre, la Suite la plus chère du fort, à 21000 roupies, était occupée). Au lieu de me rendre à la salle de sport, vide et joliment décorée, je m'endors profondément sur mon transat...et ne me réveille qu'au retour de Logaine vers 18H, heure du départ programmée... Nous quittons le Fort, à contrecoeur... Ah, si j'étais riche!!!
Un verre de vin bien méritée (bouteille au prix de la chambre!!)