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dimanche 29 novembre 2009

4 jours à la montagne, épisode 4/4

Partie 4: Michou et Shilou à un mariage Indien...

Avec nos nouveaux amis, dans la contre soirée

Nous voici donc à Ghumarwin, adorable petit village du Nord de l'Inde. Aucun touriste à l'horizon, nous devenons, l'espace d'une heure, l'attraction principale des jeunes écoliers qui tentent de retenir notre attention en nous suivant dans le seul hôtel-café du village. Deux visages blancs plongés dans leurs tasses de café noir, fatigués par un voyage éprouvant mais heureux, attendant qu'un des amis d'Amul passe les prendre. Très vite, nous roulons avec "Monu" et "Naresh" (bientôt rebaptisés Mono et Nanard) en direction de la fête; le silence gêné qui règne ne laisse en rien présager que nous allons passer le WE à rire avec ces jeunes Indiens.

Manou et Naresh

Nous arrivons dans le microscopique village d'Amul, quelques pavés de pierres posés sur une nature luxuriante. Des petites maisons sympathiques, et un calme, un calme... sans doute aussi parce que tout le village s'est rendu au mariage. Car c'est bien tout les villageois et villageoises en sari que nous rencontrons dans la maison d'Amul, simple mais accueillante. Les regards s'interrogent, la rumeur circule, 2 blanches sont parmi nous... Installées dans la pièce du haut, sirotant un chai de bienvenue, nous sommes présentées à toute la famille qui défile devant nous tour à tour. Et je parle d'une famille au sens indien du terme (le père, puis la mère, les grands parents, les oncles, tantes et cousins, neveux et nièces, amis proches considérés comme des cousins, etc). Nous espérons secrètement pouvoir prendre une douche, mais la salle de bain, une minuscule pièce accolée à celle où nous nous trouvons, ne permet pas ce genre de libertés. Nous avons tout juste le temps d'un brossage de dents express en crachant par terre avant que l'électricité emporte lampions et musique, laissant pour seules notes joyeuses le chant des femmes rassemblées dehors. Et, puisqu'il fait noir, et froid, nous abandonnons l'idée de porter nos robettes Européennes et conservons nos gros pulls salis par un long voyage. Nous restons donc sales et ternes, dans un mariage propre et coloré; de toute façon nous sommes déjà l'une des principales attractions, avec ou sans tenue adaptée!


Un genre d'enterrement de vie de garçon?!

Amul ayant peu de temps à lui, et par conséquent, peu de temps pour nous, nous confie à ses amis, et nos baby sitters prennent leur rôle très à coeur tout le WE. Très vite, nous pénétrons la sphère des contre soirées, en commençant par un apéro improvisé dans la maison du cousin, loin de la foule, car c'est interdit de boire de l'alcool dans le village (oui oui, un mariage sans alcool c'est possible...). C'est très amusant, j'ai l'impression d'avoir 15 ans de nouveau, braver l'interdit, aller boire et manger des chips avec les copains. Nous ne sommes qu'avec des Indiens mâles, et le courant passe plutôt bien.

De retour au mariage, je n'en comprends pas tous les us et coutumes; c'est assez bizarre, les femmes d'un côté, les hommes de l'autre, et Amul qui passe tout un tas d'épreuves. Pafois, les genres se "mélangent" pour assister aux pujas avec Amul. Il y a des prières, il y a des gages (genre d'enterrement de vie de jeune homme, en plus soft selon nos critères), il y a des chants toute la nuit, il y a de la musique et des danses (enfin, une fois l'electricité revenue!), et, bien sûr, il y a de la bouffe!!! Tout le monde ne mange pas en même temps (le "service" serait ingérable). On nous fait asseoir par terre, dans le noir complet, puis un homme passe en posant de grandes feuilles vertes devant nous, constituées de plusieurs feuilles liées entre elles avec des morceaux de cure dents: nos assiettes. Puis, à la manière où nous avons été servis au festival de Jaipur et au temple d'or d'Amritsar, des hommes se succèdent pour nous servir riz, dâl et autres plats, lançant des poignées de nourriture qu'ils piochent dans de gros récipients portés sous le bras. Et splach, des lentilles, et splouch, du riz. Mmmm, c'est délicieux, même si le doute qu'un petit insecte s'immisce dans nos assiettes végétales s'installe. La gauchère que je suis n'oublie pas qu'il faut manger de sa main pure, la droite, et je m'efforce de faire comme mes voisins, à savoir former des boulettes de riz et de sauce et les porter à ma bouche d'une seule main sans m'en mettre partout... Heureusement qu'on est dans l'obscurité...

Le mamy d'Amul, suppliant Céline de danser avec elle

Les hommes au fourneau

Nous allons nous coucher vers 1H, trop contentes d'avoir acheté une couverture polaire à Gumarwin, car le froid commence à se faire piquant. Il fait si bon dormir en pleine nature, au calme, presqu'en vacances, que nous faisons la sourde oreille aux coups frappés à notre porte le lendemain vers 7-8H. De même que nous ignorons superbement ceux de 9H. A 10H, il nous faut émerger... le bruit court déjà dans le village que les blanches dorment jusqu'à midi! (eux se lèvent vers 5-6H tous les matins, quelle drôle d'idée!). Je comate face à mon petit déj (du chai et des sauces salées, et un très bon riz au lait). Puis, apès une douche à l'extérieure de la bicoque, nous enfilons des tuniques un peu plus habillées et filons rejoindre nos gardes du corps, déjà levés depuis des lustres et rendus chez Amul. Je ne me souviens plus exactement du déroulement exact de la journée, ça comment à dater (il est temps que j'achève ce post!), mais je sais qu'on a recommencé nos rituels d'ados. Entourées de notre cortège masculin, nous voici parties dans la montagne pour un apéro caché avant le déjeuner... Petit cours d'écologie au passage à des Indiens qui adorent leur nature mais n'hésitent pas à la polluer; non, ça ne pollue pas, c'est pas du plastique et puis on a mis ça bien dans un grand trou...

Patates et ... heu

Méthodes traditionnelles de cuisson

ça parait pas comme ça, mais c'est super lourd!!

De retour à la fête, nous apercevons notre Amul assis comme un roi, avec un drôle de couvre chef et une chemise faite de billets... oui oui, un vêtement de roupies! C'est l'heure de la distribution des cadeaux, chacun défilant à tour de rôle et posant pour la, ou plutôt les nombreuses photos. Nous nous frayons un chemin vers la sortie suivies de 15 paires d'yeux curieux, et allons déjeuner. De nouveau, en tailleur sur le sol chaud, de nouveau une assiette végétale en face de nous, de nouveau faire des boulettes avec notre main droite qui devient jaune de curry et d'épices. C'est simple mais bon. Je reste ébahie devant les 2 énormes corbeilles de riz près du mur (cf photo), il y en a au moins 200 kgs!!!! Ce sont les hommes qui cuisinent et font le service, bizarrement.



Rien de tel que la nature pour vous requinquer!

En fin d'aprem, nous nous apprêtons à enfin voir la mariée; le cortège se dirige enfin chez elle, un petit village à 15 minutes d'ici!! Mais, fidèles à nos habitudes nouvellement créées, Nanard et Mono nous embarquent pour un apéro, encore, avec un petit détour par la maison de Nanard. Nous rencontrons sa famille et sommes très bien accueillies, chai et grands sourires, malgré la barrière de la langue. Par contre, il leur prend une furieuse envie de nous relooker à l'Indienne... help! La brave dame commence à nous déballer ses valises de saris et tuniques, ses malles à trésor renfermant ses plus beaux acoutrements. Un seul sari à disposition, je l'essaye mais mes seins ne rentrent pas dedans.. enfin disons surtout que je suis un poil plus épaisse que la moyenne. Je dois me rabattre sur une tunique dans laquelle je flotte, tandis que Céline est un peu serrée dans la sienne, mais notre hôte semble ravie du résultat. On se laisse coiffer, ravies, puis on nous orne le front d'un petit bindi, le père nous offre des chapeaux typiques en cadeau, et hop, on retraverse le champ et les arbres de mangues, pour retrouver un nanard transformé tant il est classe dans son costume. Nous montons dans la voiture avec son beau frère et filons pour un apéro dans un petit hôtel sinistre.

La soeur et la nièce d'Amul

Roi Amul

Alors que je m'amuse à dire que j'épouserai le célibataire Nanard pour le sortir de sa campagne dans 5 ans, je me rends compte que le beau frère est tout à fait sérieux quand il me demande de confirmer cela. Si je donne ma parole, il ne présentera personne à son beau frère et le préservera pour moi! On ne rigole pas chez les Indiens... En effet, ça ne rigole pas trop un mariage indien; intéressant à voir, mais rien à voir avec nos fiestas délurées, auxquelles j'accorde ma préférence.
Enfin, nous nous rendons chez la jeune mariée; avant de la voir, on nous emmène dans une petite tente où sont rassemblés... tous les hommes de la fête!!!! Heu, les gars, on va p'tet aller avec notre clan nous, non? Non. On reste avec les hommes. On mange une assiette de douceurs comme eux. On danse comme... heu non, on refuse de danser. Premièrement, parce que deux blanches au milieu d'Indiens, ça se remarque un peu trop, deuxièmement parce que les Indiens dansent plutôt bien, et que la musique sort des airs typiques du penjab qui requiert une articulation précise et coordonnées des mains et des pieds...

Je commence à réaliser d'où sort la frustration et le machisme souvent palpables des Indiens; jamais ils ne sont mélangés avec les femmes. Même à l'aéroport récemment, je me suis trompée de file, j'étais avec les hommes et ne captais pas pourquoi on me sommait d'aller me faire fouiller plus loin! Les femmes, on les fouille à l'abri des regards...

Bref, revenons à nos amoureux; enfin, nous entrons chez la demoiselle, où sont rassemblés tous les amis et la famille. Amul est là, habillé, à côté du guru prêt à débiter sa prière pour le sacrement. Nous attendons avec impatience la belle; notre bus nous attend pour un retour à Delhi. Nous allons louper le reste du mariage et le plus important (la cérémonie et le lendemain), et, à contrecoeur, après avoir volé deux photos à la mariée, jolie comme tout mais si sérieuse, les yeux rivés sur le sol, nous nous éloignons en voiture, toujours escortées de nos deux amis.


A table!

Deux amis qui attendent avec nous un bus qui a une heure de retard, et heureusement, car il n'y a personne pour nous renseigner ou nous aider dans cette mini gare sombre et tranquille. L'heure des adieux arrivent avec le Volvo vert clair, rien à voir avec le bus local des montagnes strié de vomi. Nous promettons de nous donner des nouvelles, d'échanger les photos, etc, et repartons vers notre réalité... celle de femmes non mariées européennes, citadines de surcroit. Celle de Michou et Shilou...


Le papa d'Amul




Les futurs mariés

La mariée, dont j'ai oublié le nom mais qui veut dire "crépuscule"

mardi 24 novembre 2009

4 jours à la montagne, épisode 3/4

Partie 3: Un p'tit coin d'paradis, sans un coin d'parapluie


L'église de Shimla

Débarquement à la gare routière donc, une rue où se frôlent et se calent tant bien que mal tous ces bus brinquebranlants qui proviennent de et vont dans toutes les directions. Descendues au milieu de cette cohue, toujours chargées comme des bourriques, nous sommes immédiatement englouties dans une foule qui crie, bouscule, achète beignets et sandwiches et crache. Vite, vite, une issue!

Nous ressortons le prospectus de l'hôtel "Woodland" qu'un rabatteur nous avait glissé au passage dans la gare la veille, et nous décidons de nous mettre à sa recherche. L'hôtel fait face à l'église jaune; nous avançons à petites foulées vers le marché qui s'étale sur les hauteurs de Shimla. Je vois déjà presque une larme perler dans l'oeil de ma co-voyageuse.

Un porteur sachant porter...

Effectivement, nous ne sommes pas au bout de nos peines, ou de notre souffle. Nous grimpons, nous inquiétant de demander parfois si l'église est encore loin. A quoi bon demander son chemin en Inde de toute façon, jamais personne ne vous répondra qu'il ne sait pas, il vous indiquera plutôt une fausse direction. Céline me suit un peu à la traine, sursautant à chaque fois qu'un singe fait irruption dans son champ de vision (surtout ne pas les regarder, c'est le guide qui l'a dit). Heureusement, la marché fait passer les minutes plus vite, nous observons les vitrines de sucreries devenues soudain si savoureuses à notre palais, repérons les marchands de couvertures en prévision de l'hiver à Delhi, et survolons les babioles en tout genre. Le marché n'a rien d'exceptionnel, il est surtout fait pour les besoins quotidiens des autochtones.


Après avoir grimpé, soufflé, un autre rabatteur nous convainc de nous rendre au Dreamland. Enfin, ce qui nous convainc en vérité, c'est qu'il nous paraît bien plus près et moins élevé que le Woodland! Au final, les deux étaient sans doute équivalent, car il nous a fallu passer devant l'église et continuer à monter. En découvrant le coeur de Shimla, nous ne regrettons pas du tout d'avoir fourni tous ces efforts; c'est si paisible, si mignon, et la vue est magnifique.

La chambre est modeste, mais moitié prix car nous sommes en basse saison. Une fois installées, nous nous empressons de retourner 'au mall", cette grande rue piétonne dont les maisons et constructions évoquent fortement la Nouvelle Angleterre. Un vrai coin d'Europe, j'adore, j'adhère! Tout paraît propre, on trouve même des poubelles disséminées le long de la promenade, chose plutôt rare en Inde. La ville interdit d'ailleurs l'usage des sacs plastiques, comme nous ne tardons pas à le découvrir après une brève scéance de shopping (encore une fois, on ne se refait pas...).


T'as le look, cocotte!

La nuit tombe vite, et le froid avec. Nous faisons encore quelques pas dans cette charmante ville qui a su nous conquérir en deux heures, profitons du bonheur apparent des passant et de l'odeur de barbe à papa qui flotte dans le ciel. Nous ne pouvons résister à l'appel de la librairie, et c'est là que nous rencontrons... Mme M.


Mais qui est donc cette mystérieuse Mme M.? Retraitée, la cinquantaine, un peu dure d'oreille parfois, mais gentille, Mme M. voyage régulièrement en Inde, depuis quelques années. Mais, cette année, est-ce parce qu'elle s'est fait volé son argent dès le premier jour, Mme M. n'aime pas l'Inde comme d'habitude. Quelque chose en moi me pousse à l'inviter pour un petit-déjeuner matinal le lendemain matin avant notre départ en bus. En sortant, Céline m'accuse de vouloir augmenter mon karma ;-)


Le lendemain donc, nous retrouvons notre nouvelle amie pour un petit déjeuner simple, dans un restau chinois. Puis, nous filons, le bus démarrant à 11H pour nous rendre à Ghumarwin, petit village proche de chez Amul, qui se marie et chez qui nous nous rendons. Il pleut et la pluie, sans gâcher le paysage, nous rafraîchit tout de même un peu. Hors de question de louer un taxi, trop cher et trop long car il serait obligé de contourner toute la ville pour nous mener à la gare.. On nous propose donc de louer ... un porteur:!!! Vive l'Inde, nous voici trottinant derrière un pauvre Indien tout sec, affaisé et courbé sous le poids de nos gros sacs. Tout ça pour moins d'un euro chacune...


Nous voici dans le bus, assises près de la porte que personne ne referme et qui s'ouvre pour un rien. Je passe un voyage un peu mouvementé. Ma seule phobie en bus est qu'il y ait un ou une malade, et, bien sûr, sur des routes comme celles que nous avons empruntées, ça ne loupe pas... Une petite vieille passe les 4H la tête par dessus sa fenêtre à repeindre le bus. Ajoutons à cela la peur des voyages en bus indien (au moins un accident par semaine répertorié dans la presse, et de nombreux cadavres de mini bus et bus calcinés repérés à travers la vitre)...

Céline, pas en grande forme avec tous ces virages, tressaille à chaque fois qu'on est un peu trop près du précipice, qu'on double juste avant un virage ou qu'on freine un peu trop abruptement. Et, pour ajouter à l'expérience du bus local en montagne, je me vois dans l'obligation d'arrêter lebus pour aller au p'tit coin. Comme il n'y avait rien sur la route, j'ai dû me la jouer indienne... exposée au regard de tous, j'ai ravalé ma fierté tandis que le bus m'attendait dans un virage au bord de la route nue...




Enfin, après 4H de route, et alors que nous en attendions bien plus, quelqu'un a la bonté de nous signaler que nous sommes arrivées à bon port. Super! Nous descendons de cet affreux bus strié de restes mal digérés, toutes heureuses d'avoir un peu de temps à nous pour découvrir un nouveau petit village!! La suite au prochain (et dernier) épisode...



Depuis l'hôtel Dreamland

dimanche 15 novembre 2009

4 jours à la montagne, épisode 2/4

Deux Nonnes et un Chaussée aux Moines

A la descente du train dans la gare de Shimla, un mini van et un dilemme pointent le bout de leur nez. To go or not to go? Pour ma part, j'ai très envie d'une retraite au milieu des montagnes, de renouer un peu avec la nature, respirer un air débarrassé de toute pollution. Mais Céline, tout juste réveillée, a peur que nous nous retrouvions dans un coin perdu, loin de la ville et sans issue de secours. Très vite, nous convenons d'un arrangement; nous allons jeter un oeil au monastère, puisque notre carosse est avancé, et nous aviserons si nous souhaitons y demeurer ou non. Ainsi, j'aurai ma montagne en gros plan et Céline son coin de civilisation. Au fur et à mesure que défile le paysage par la fenêtre du petit bus, notre pensée se cale sur les virages pentus. Un coup à droite, elle trouve ce monastère un peu excentré tout de même, un coup à gauche et oh, quel est ce ravissant petit village que nous traversons, et si on revenait s'y installer pour la nuit?

Moineaux fournaux (hahaha... bon ok, elle était pas drôle)
Miam, de la viande!!! et les petites boules de mie pas cuites là, c'est le pain tibétain

La vue depuis le monastère

Enfin, nous arrivons au monastère boudhiste. Ou plutôt quelques mètres en-dessous. En effet, le van est trop chargé et nous devons finir le reste de la côte à pied. Boudha soit loué, la communauté monastique, vêtue de rouge et de jaune, est là pour porter nos sacs et nous aider à rejoindre le bâtiment où logent, méditent, prient et apprennent les moines de tout âge.

Nous sommes reçus comme des rois à coup de thé au lait et de fruits à volonté, ou plutôt comme de futures nonnes, notre ami ayant déclaré que nous étions en phase de devenir ses disciples. Vite, vite, il nous faut apprendre à nous présenter devant le lama, et Rinpoche s'empresse de nous faire la démonstration.

Comme tout le monde a l'air d'insister pour que l'on reste dormir avec Elmer (la vraie disciple de Rinpoche), qu'on nous promet eau chaude et bonne cuisine (ahhh ils savent me prendre par les sentiments!!) et que la vue est tout simplement magnifique, haut perchées que nous sommes dans les sommets himalayiens, notre pensée cesse de se distordre et se fixe sur un "oui, merci bien". Il fait bon vivre en cet instant. Rinpoche et Elmer nous renseignent sur les bases de la religion boudhiste, que j'ignorais totalement, j'ai honte de l'avouer. C'est une religion qui ne me déplaît pas, même si Céline la juge, à raison, un peu "hypocrite" sur certains aspects (on a le droit de consommer de la viande si l'animal n'a pas été tué exprès pour nous).

L'entrée du temple

Durant l'espace d'un instant, je m'imagine passer ma vie dans ce monastère tranquille... un instant seulement. Impossible, dis-je à un Rinpoche incrédule, et ma famille, et mes amis, et ma vie sociale? "Tu rencontreras d'autres moines ici", est sa réponse. Impossible, j'insiste. Je ne peux pas vivre sans Internet. Ce à quoi il rétorque qu'il ne comprend pas ces nécessités matérialistes, et s'interrompt pour ... répondre à son téléphone portable!!

Je ne peux m'empêcher d'observer sa fidèle disciple, et de me demander ce qui l'a poussée à étudier le boudhisme aussi sérieusement. "Ça aide à se pardonner", nous a t-elle dit. Il y a quelque chose de tellement triste dans son regard, comme une lueur éteinte...



Après des litres d'un thé requinquant, nous allons être présentées au grand gourou, le lama. Nous pénétrons dans une petite pièce fermée d'un rideau jaune. Le lama ressemble un peu à Rinpoche; grassouillet (c'est un euphémisme), des lunettes, une tête ronde. Nous lui tendons fièrement un foulard blanc doux comme de la soie, une enveloppe contenant quelques roupies dépassant de notre poigne. Le lama nous bénit en nous passant le foulard autour du cou (chouette, un nouveau châle!! comment ça matérialiste, moi????)


D'ailleurs, c'est bien joli la montagne mais on a du shopping à faire nous! On ne se refait pas... Après un bon repas monastique (une tonne de riz et des patates finement cuisinées), nous filons malgré le regard mi réprobateur mi étonné de nos hôtes. Quel bonheur de dévaler le chemin de terre et de cailloux qui nous a menées au sommet du monde, vers ce petit village, Sanjolai, dont nous sommes instantanément tombées amoureuses la veille, à travers la vitre d'un petit car. Je me sens si libre! Ici, les gens sont souriants, gentils, et, même si l'on ne parle pas le même langage, ce n'est pas un obstacle pour communiquer. Je suis à des années lumières de Delhi. Nous ne dévalisons pas les boutiques du microscopique village, justge un gros pull de survie pour moi, et quelques sucreries à partager le soir avec la petite famille (ok, un kilo en fait). Chose étrange, je me mets à aimer ces sucreries trop sucrées... nous aurions goûté la vitrine si on avait pu!!

Ganesh

Nous ne voyons pas le temps passer et très vite il fait nuit noire. Le ciel se couvre d'un épais rideau d'étoiles scintillantes... mais aucune ne nous indique notre chemin, malheureusement. Car ni Céline ni moi n'avons prêté attention à l'aller, c'était si simple, de descendre de la colline... A force de remonter, et malgré une Céline peureuse et découragée, nous finissons par retrouver notre abri et notre couvert du soir.


Spéciale dédicace pour la Broussardière...

La soirée s'achève sur une note inattendue... Alors que Céline s'apprête à prendre une douche à côté des latrines communes, piécette sobre dont la porte ne va pas jusqu'en haut, et que je l'accompagne pour un passage express aux toilettes, Rinpoche me double et file occuper l'espace turc. Et là, je vous passe les détails, mais un moine sait se soulager comme il faut. Le fou rire adolescent et ridicule qui nous secoue soudain nous empêche de réfléchir, et nous voilà enfermées toutes les deux dans la douche. Impossible de nous calmer, surtout quand Céline commence à me chuchoter à l'oreille un « Chiassé au Moine » musical... Une fois la menace écartée, les lieux (et Rinpoche) vidés (seule l'odeur persistait) et notre fou rire calmé, je laisse ma consoeur à sa toilette et décide d'éviter le passage par la case WC pour ce soir.


La nuit fut bien bonne, bien au chaud sous nos couvertures, un véritable paradis après la nuit de train de la veille!! Après un copieux petit-déjeuner, des sortes de naans tibétains et du pain qui ressemble à des meringues de mie pas cuites, le tout accompagné d'une bonne confiture artisanale, nous allons tous nous assoir dans la salle des prières pour la puja. Dure vie qu'ont les moines; manger, méditer, manger...je reconsidère presque l'offre de devenir nonne!

La puja est assez différente des pujas hindous auxquelles j'ai assistées durant ces quatre mois où j'ai séjourné en Inde. Bien rangés en colonnes, des petits moines de 3 à 18 ans environ unissent leurs voix à la musique live qui retentit dans la pièce. Je tombe amoureuse d'un tout petit qui apprend à son jeune voisin comment suivre les paroles de la prière sur le livre. Une heure après, nous voilà sur le parvis à prendre des photos avec les moines et la montagne. Il nous reste une heure avant le repas, nous décidons de grimper visiter le temple au-dessus du monastère, qui nous intrigue depuis la veille. Bien calées dans un coin de verdure, nous papotons tranquillement au soleil avant de redescendre nous empiffrer. Au menu cette fois, de la viaaaaaaaaaaaande!!!!!!!!!!!!!
Vue sur le temple, un cran au-dessus du monastère

Mais il est temps pour nous de quitter le Boudhisme; nous aimerions passer la deuxième nuit à Shimla, qui, paraît-il, vaut le détour. Redescendues au village de Sanjolay, chargées comme des mules, nous prenons un bus local en direction de Shimla, qui tourne et tourne encore à travers un paysage magnifique et vertigineux à la fois. Nous débarquons à la gare de routière de Shimla ... la suite au prochain épisode!