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jeudi 27 août 2009

La malédiction des pick up

Paris 2006. Dimanche soir, j'ai tout prévu pour la grève de demain. Ça fait bien une bonne semaine que la radio nous rabâche ce mouvement de grève. Ras le bol général, chauffeurs agressés, etc. Les employeurs sont au courant, on prend nos dispositions, flexibilité est le mot d'ordre. Je sais quand commence et quand s'arrête la grève, quels trains, RER et métros circulent. En un clic, mon itinéraire s'affiche sur la page web de la RATP. En France, les grèves, on connaît, c'est trop facile...

Delhi. Lundi 17 août 2009. Je pars tôt ce matin, pour rentrer plus tôt ce soir, car j'ai un pick up à 21H30. Comme d'habitude, je salue le garde à la sortie de la maison. Comme d'habitude, je me plante au bord de la route, un peu en retrait pour ne pas me faire écraser par l'un de ces fous fourieux qui avancent coûte que coûte. Mais, contrairement à d'habitude, aucun rickshaw en vue. Les rares qui passent sont pris. Un quart d'heure plus tard, je vois ma chance arriver. Elle s'arrête devant moi... mais refuse de m'emmener!! J'ai beau supplier, implorer, poursuivre, rien n'y fait. J'aurais payé le double s'il l'avait fallu.

Je décide de ne pas rester sur l'avenue principale, peut-être est-ce l'horaire qui ne va pas ce matin. Après avoir bien mis 5 minutes à traverser la grand rue, je m'enfonce dans les petites ruelles vers le marché en face de chez nous, zieutant en même temps si par hasard quelques mangues ne traîneraient pas encore sur les étalages de fruits (à mon grand désarroi, ce n'est plus l'époque des mangues). Et je marche, je marche. Toujours pas de touc-touc en vue. Il commence à pleuvoir, monsoon's back. J'arrive à un grand croisement et me plante là, surveillant les 3 provenances possibles d'un moyen de transport. Je commence à stresser, j'en ai marre, je suis au bord de la crise de nerfs, je veux aller travailler. Un flic planté devant un lodge prend pitié de moi et essaye de me trouver quelque chose, en vain. Enfin, au bout d'une heure et quart et sous une plue devenue cinglante, un chauffeur ralentit et accepte de me mener à Okhla, sans même essayer de tirer profit de la situation... j'ai de la chance dans mon malheur!

J'arrive chez Shanti avec une heure et demi de retard sur mon planning, pour découvrir que les présents ont galéré aussi, et que les absents sont toujours à la recherche d'un rickshaw...car c'est la grève!!! Oui, ça n'arrive pas qu'en France. Pourquoi, comment, pour combien de temps, ça, par contre, l'histoire ne le dit pas... Je repense à mon chauffeur qui s'est presque fait rousser à l'entrée de la "rue" qui mène à ma boîte par d'autres chauffeurs au repos...et je comprends. Ceux qui travaillent aujourd'hui sont mal vus.

Pour en savoir plus, sur les syndicats, tout ça, voici un extrait d'un article publié sur ma source favorite d'unformations sur l'Inde, aujourd'hui l'Inde:

Les auto-rickshaws (à distinguer des rickshaws) de New-Delhi ont repris le chemin du bitume mercredi, après que la grève de leurs conducteurs s'est achevée mardi à minuit sans aucune concession de la part du gouvernement de la capitale.

Les 18 syndicats de chauffeurs s'opposent à la récente répression des autorités contre la conduite sans papiers (permis, licence, certificat de contrôle de pollution), au prix des amendes, et réclament une hausse de leurs tarifs.

Pendant deux jours, les usagers ont du se passer des quelque 50.000 véhicules à trois roues vert et jaune de la capitale, dont une minorité seulement circulait à des prix élevés, créant le mécontentement.


"Réclament une hausse de leurs tarifs"... je me doutais bien que les tarifs indiqués par le "meter" ne leur plaisaient pas! Le meter, c'est ce petit appareil accroché au rickshaw, qui donne un tarif selon la distance parcourue, et qu'aucun chauffeur n'accepte de mettre... forcément, leurs tarifs seraient alors deux à trois fois plus bas que ce qu'ils demandent habituellement...surtout aux peaux laiteuses de mon espèce!

Vers 14H00, je commence à m'inquiéter du retour à la maison... mon plan était de rentrer tôt afin de disposer de quelques heures avant l'arrivée de mon chauffeur pour un briefing à l'hôtel suivi d'un pick up à l'aéroport. Mais, en ce début d'après-midi de grève, aucun taxi n'est disponible... je ne trouverai jamais de rickshaws, c'est sûr. A contrecoeur, j'appelle donc mon chauffeur, pour lui dire de venir me chercher directement à l'agence ce soir; heure convenue, 20H00.

La suite est simple: 20H00, je quitte l'agence, accompagne mon chauffeur chercher des clients à la Likir House, qu'il doit ensuite déposer à l'aéroport. Une famille bien dynamique, sympa, pipelette, avec qui je fais le chemin jusqu'à l'hôtel Saptagiri où mon chauffeur me lâche. Je fais mon briefing client et reste à papoter avec lui un temps, avant de repartir pour l'aéroport chercher un groupe de 4 personnes. Puis, retour au Saptagiri pour un briefing avec le groupe. Les clients sont cool; on boit un coup à une heure du mat' … Heure d'arrivée à la maison, 2H; soit une bonne journée (9H – 2H :-)

Pour la petite histoire, le calvaire a continué le lendemain... Shanti m'a envoyé une voiture privée le matin, et le soir un mini bus a été mis à disposition de l'équipe pour rentrer... résultat, je suis rentrée à 21H00 chez moi... décidemment, Delhi ne roule plus sans ses rickshaws!!!

lundi 24 août 2009

Le coup de foudre pour la maison kitch

Céline et Shaleen sur la terrasse

Tout le monde sait qu'il est difficile de conjuguer recherche d'appartement et journées de travail, surtout lorsque le budget est serré et qu'on se passerait bien de broker... Heureusement, ma chance a un nom, Céline. Un ange tombé du ciel. OK, j'exagère un peu, il n'empêche que la miss a été très efficace, une petite semaine et nous avions un endroit où vivre. Et le mieux, c'est qu'on a toutes les deux eu le coup de coeur...

Il y est bon de signaler que toute piste n'a pas été bonne à suivre... Comme cet architecte qui a gardé Céline pendant trois heures en la prenant en photo dans ses apparts; avec la baignoire, avec le porte-manteau... Ou encore cet autre, qui nous proposait comme colok' un petit vieux sénil. Lisez plutôt cet extrait de mail envoyé par Céline:

"Bon le mec de Safdarjang Enclave vient de me répondre; le prix est Ok (16000 pour 2) mais le truc c'est qu'il y a 3 chambres et déjà une de prise... C'est un garçon.... Humm te dis tu, une coloc avec un bel indien, why not? Chut, fais taire en toi tes espérances les plus folles... Le coloc en question est un vétéran de guerre de 85 ans ... Euh, on lui dit que c'est trop loin????"


Les oeuvres d'art qui ornent les murs du salon...

Comme souvent, c'est la dernière visite qui a fait tilt, alors qu'on était quasi sûres d'avoir trouvé LE bon plan: un appart moderne pour deux, dans notre budget, tout près de GK1 et de l'Urban, le bar où squattent tous les expat' (dans lequel je n'ai encore jamais mis les pieds...). Que demander de plus?
Le lit de Céline

Un samedi matin donc, nous nous levons sans pression, trouvons un rickshaw sans pression, direction Shivalik, quartier inconnu au bataillon. Au B-12, une maison un peu ancienne de trois étages se dresse devant nous, plutôt sympa d'extérieur. On sonne, on attend un peu, avant de voir débarquer Shaleen, un Suisse indien aux allures de rappeur.

Le salon (salle d'aérobic à l'occasion)

Je me souviendrai toujours des deux premiers sentiments qui m'ont envahi lorsque j'ai pénétré dans le salon (la première salle sur la droite lorsque l'on passe la porte d'entrée): oh mon Dieu, que c'est kitch (il faut le voir pour le croire, c'est un vrai musée roccoco), et en même temps, un genre de fascination, ça me plaît...

Un petit coup d'oeil furtif à Céline, pas trop possible de savoir ce qu'elle en pense. On continue la visite: rapidemment, grande cuisine, grandes chambres avec salles de bains attenantes, clim et grands placards/ penderies, immenses lits (même style kitchouille). 3 étages, une terrasse où vit une famille de Népalais (un couple et leurs deux enfants, Sarasuti, 13 ans, et le petit Vishnou, 6 ans). Et puis, on s'installe prendre un café sur le petit balcon qui fait face au parc. On papote, longtemps. Le courant passe bien. Les avantages sont nombreux, un colok indien mais très ouvert sur les cultures étrangères (il parle anglais, allemand, français et hindi couramment), une famille de Népalais qui nous aide dans les taches ménagères et nous parle en hindi, une présence pour Céline la journée, une maison qui me rappelle la mienne et le loft de Montreuil, un colok un peu artiste sur les bords, et qui donne même des cours d'aérobic à ses heures...

De toute façon, je crois que nous sommes déjà amoureuses, le coup de foudre... ça ne s'explique pas!

(Nous avons donc emmenagé dans la maison kitch, fait une soirée hip hop - graffiti, cuisiné avec Shaleen, reçu tout plein de gens dans nos chambres fraîchement redécorées, etc... aucun regret donc sur notre choix!)

lundi 17 août 2009

Dimanche 9 et Lundi 10 août: la vie est-elle un long fleuve tranquille? (Varanasi)

Gare routière de Khajuraho, une mère et son enfant

Itinéraire Khajuraho - Varanasi: 4H de bus jusqu'à Satna, 90 roupies, puis 10H de train couchettes environ, 500 roupies en moyenne)

Nous arrivons à la gare de Khajuraho avec assez d'avance pour nous faire de nouveaux potes indiens et signer quelques autographes sur l'agenda de jeunes autochtones masculins, qui nous regardent toujours avec curiosité. Une fillette de 13 ans reste "papoter" avec nous (bizarrement les autres touristes françaises, assises un peu plus loin sur des chaises, sont laissées tranquilles). La petite est marrante, elle nous apprend le Hindi. Elle me réclame du savon; je lui offre un bloc note emprunté définitivement à un hôtel et un stylo. Alors que nous nous installons, un peu plus tard, dans notre bus, et que nous tentons d'apercevoir la gamine, elle surgit à côté de nos sièges, avant de descendre à contrecoeur lorsque le moteur se met à vrombir. Elle agite tristement la main à mesure qu'elle se fait petite dans le rétroviseur. Une belle rencontre...

Mad cow on the Gange...

Le trajet est plutôt agréable, malgré un bus local bondé non climatisé, qui penche de temps à autres dangereusement à droite ou à gauche; l'air qui passe par la fenêtre nous rafraîchit et nous somnolons (nous dormirions si le chauffeur n'avait pas eu l'idée de passer un film d'action pourri qui dépasse le volume sonore acceptable d'une discothèque). A Satna, nous prenons un train; je tombe comme une masse, nichée dans une couchette en hauteur et bordée de tout mon bric à brac. Dommage que la nuit finisse si tôt; n'ayant pu obtenir de train direct jusque Varanasi, nous atterrissons à M. Sarlai à 4H00 am. Comatage intense dans un café de la gare (où les rats ont élu domicile) avant d'oser sortir pêcher un rickshaw -qui tombera en rade sur la route-. Nous arrivons sur un grand pont qui traverse le Gange, ça y est, les yeux grand ouverts, nous découvrons - et dévorons- Varanasi.

Mais Varanasi, c'est quoi, au final?
La ville du Dieu Shiva. La ville sainte la plus sacrée d'Inde.

Oui, mais Varanasi, c'est aussi...

Bénares. Les colons anglais, qui n'arrivaient pas à prononcer correctement son nom, l'ont renommée ainsi.

Une ville en mouvance perpétuelle. Où l'on dégouline de sueur en permanence.

C'est aussi des kilomètres de ghâts, ces gradins qui servent de berges au fleuve. Nous débarquons sur le ghât prinncipal, le Dashâshvamedh. Céline s'installe dans une petite guesthouse très sympa sur une terrasse qui domine tout le Gange. Même si le confort est strict minimum et que des gros lézards-caméléons recouvrent les murs bleus de l'endroit, on y sert d'excellents lassis (banane, chocolat ou café) qu'on sirote face à l'immensité du fleuve sacré. C'est tellement apaisant, et une étrange sensation m'envahit à mesure que j'observe les ablutions et autres occuoations des gens, un concentré de vie humaine, se dérouler sous mes yeux.


C'est aussi... un fleuve sacré, qui me paraît sacrément sale; il faudrait me payer cher pour y tremper ne serait-ce qu'un doigt de pied. D'autant plus que j'aurais peur de me trouver nez à nez avec un cadavre. Varanasi est, je le rappelle, le lieu où tout Hindou rêve de mourir; en effet, le fleuve permet d'atteindre le moshka (la délivrance), qui signifie la fin des réincarnations. Si les crémations ont lieu sur les bords des eaux sacrées, on y jette aussi les corps morts des êtres purs (bébés, femmes enceintes et ... VACHES!!!).
Les Indiens, plongent dans le Gange le coeur joyeux, s'y savonnent, y lavent leur linge, y font leurs prières...
Un voyant à la Vishnou Guesthouse, c'est lui qui a réclamé la photo...(qu'il prend très au sérieux!)

C'est aussi un harcèlement permanent pour les toutistes; la monnaie de la pièce d'un "voyeurisme" déplacé? "L'étranger ne peut se promener sans être arrêté tous les cinquante mètres par un mendiant, un trafiquant, un gosse morveux, un colporteur, un véritable artiste peintre, un sage hindou, un chien ou une vache...C'est le zoo. Le zoo urbain. Un marais infesté de sangsues", Marc Boulet.
La cérémonie du Puja, célébrée chaque soir à la tombée de la nuit en l'honneur du Gange

C'est encore ... un dédale de ruelles labyrinthiques (la vieille ville), véritable caverne d'Ali Baba du shopping. Soie, vêtement, bijoux et babioles. Lorsqu'il pleut, les bouses de vaches qui jonchent le sol se diluent et dégoulinent entre les détritus jettés n'importe où. La frontière entre odeurs abominables et délicieuses est alors très mince.

Des serviettes sèchent parmi les détritus
Et puis... Sidartha, 10 ans
« Je n'aime pas Nicolas Sarkozy, le président de la France », me sort ce petit bonhomme haut comme trois pommes. Allez savoir pourquoi, il m'a séduite!! Cultivé, débrouillard, écologiste, Sidartha parle très bien l'anglais et le français, qu'il apprend à l'école. Il annonce de but en blanc qu'il travaille pour deux magasins auxquels il nous emmènera, si nous le souhaitons. Avec l'argent des commussions, il peut s'acheter des livres pour étudier. Pas question de demander de l'aide à ses parents, qui ne vivent même pas à Bénares. L'enfant rêve de devenir docteur et veut étudier le plus longtemps possible. Discours pour séduire le touriste? Je n'en n'ai pas l'impression; jamais il n'a voulu recevoir de pourboires après la visite guidée de la ville...
Les rives du Gange

Un temple interdit, le temple d'Or. Caché au bout d'une ruelle infranchissable sans être fouillé et dépouillé de son sac auparavant, ce temple ne laissent voir ses dômes dorés qu'aux croyants. Je laisse mon sac à Céline et part la première en expédition. Arrivée devant le temple, dont on ne distingue pas les dorures depuis l'extérieur, je m'arrête devant le panneau explicatif. Bien sûr, je ne m'aventure pas, les gardes à l'entrée ne me laisseraient jamais franchir le seuil sacré; un autre panneau indique d'ailleurs l'interdiction en grosses lettres. Un cri me sort de ma lecture attentive; je me retourne, un gros flic avachi sur une chaise face au temple me somme de venir le voir. Après une conversation des plus bizarres, installée à côté de lui, il me dit que je peux rentrer dans le temple... à une condition. De l'argent? Il s'amuse de ma réponse déplacée. Non, à condition que moi aussi, je prie Shiva. Est-ce une blague? Non, 5 minutes plus tard, après avoir été fouillée une nouvelle fois par une gardienne, avoir été renvoyée du temple par un gardien puis ré-autorisée sous les ordres du grassouillet bizarre, me voici en train de prier Shiva, devant un bassin rempli d'eau et de fleurs de lotus. Toucher la bosse dure qui dépasse due l'eau -le crâne de Shiva?-, puis mon front, puis l'eau, puis mon front...
Acrobatiques, les Indiens!

Le temple du Kama sutra: si nous n'avions pas été averties par un local, nous n'aurions jamais découvert ce petit temple tibétain... seul inconvénient, nous dit l'Indien francophone, le temple est cher... 10 roupies par personne (15 cts d'€); ça fait un peu mal d'entendre ça. Admirez plutôt quelques-unes des nombreuses sculptures érotiques qui ornent l'extérieur du temple...
Enfin, Varanasi ne serait pas Vanarasi sans ... les crémations. Brûler les corps, et répandre les cendres au-dessus du Gange. 3H pour brûler un corps, 200 corps par jour, c'est une véritable industrie... gérée par la caste des Dôms, les intouchables qui exercent le métier de balayeur. Seuls eux sont assez impurs pour servir de croque-morts; un batelier me dit qu'ils sont riches. Paradoxal non, des intouchables riches?!
Le soir, la vieille ville est un peu dangereuse. Un ami de Sidartha nous emmène donc voir les crématinsn. Bien sûr, tout au long de la soirée, le jeune francophone n'aura de cesse de nous faire rencontrer "fortuitement" ses « amis » qui tenteront de nous arnaquer: une fausse âme charitable qui récolte des fonds pour des hospices; un faux prêtre qui bénit nos familles lors de la Puja, etc. Les crémations sont impressionantes; je songe instinctivement aux bûchers des sorcières du XVI siècle. Les flammes s 'élèvent dans le ciel; je hume pour sentir et ne sens que le bois de santal. Puis soudain, l'odeur de chair cramée remonte jusqu'au fond de mes narines. Je sue à grosses gouttes. Il est l'heure d'aller voir la cérémonie du Puja...

(Le lendemain, je revois des crémations de jour. Sensations plus fortes que la veille, je vois les corps qu'on débobine de dizaines de tissus et qu'ono devine maigrelet sous leurs linceuls blancs, les odeurs plus fortes et me lèvent le coeur)
Et puis, Varanasi, c'est le Puja tous les soirs à la tombée de la nuit. C'est une céramonie en l'honneur du Gange qui dure près de trois quart d'heures. Le ghât principal grouille alors de monde, encore plus que d'habitude; il y en a autour des prêtres, dans les gradins, sur les terrasses en hauteur, dans les barques... Des enfants passent et vendent 10 roupies une petite écuelle de feuilles remplies de fleurs et d'une bougie, que l'on allumera en priant avant de la lancer sur les eaux sacrées, au milieu des barques, détritus, poissons et corps. La lumière est très jolie, l'atmosphère paradoxalement plus calme que pendant la journée. La cérémonie est, bien sûr, très belle, avec chants, encens, etc. Vous pouvez voir à la fin de ce post un extrait en vidéo.

Le soir, je dois rentrer dans mon grand hôtel luxueux, seule. Gros contraste avec le centre de Bénares. Je regrette de ne pas être avec Céline dans la rustique petite guesthouse, avec d'autres voyageurs, en train de cogiter devant le Gange, un bon lassi à la main. Ici le room service coûte cher et je bois un chaï pas bon pour 50 roupies; pendant ce temps, Céline en boit un délicieux à 6 roupies... Dans les grands hôtels, on ne rencontre personne... Non, décidemment, le luxe a ses limites!
Le lendemain, nous décidons de consacrer la fin de notre après-midi sur les traces de la route du bangh. Ayant apris dans le livre de Marc Boulet qu'il était en vente libre à Benares, ainsi que la marijuana, nous souhaitons voir de quoi il retourne. D'autant plus que j'ai remarqué sur un panneau à la Vishnou Guesthouse que les Bangh Lassi sont interdits, ce qui achève d'attiser ma curiosité. Nous faisons toute la Luxa Road, en vain. Après avoir demandé plusieurs, fois, avancé, reculé, traversé, etc, nous commençons à désespérer, quand une bande de jeunes nous renvoient vers un magasin... faux espoir, les jeunes ont compris "bango" et nous ont renvoyées vers un magasin de musique!!! L'occasion d'une bonne rencontre en fait, car nous papotons avec le vendeur, qui nous déconseille fortement l'absorption de telles drogues d'ailleurs... La musique est la meilleure des drogues, nous dit-il... Nous apprenons tout de même qu'on sent les magasins de bangh dans la rue... ça sent très mauvais lorsque l'on passe devant, nous dit-il encore. Je dois contenir l'éclat de rire qui monte en moi.. là où ça sent mauvais, en Inde, ce n'est malheureusement pas juste là où l'on malaxe des boulettes de bangh!!!

La luxa Road, à la recherche de boulettes...

dimanche 16 août 2009

Vendredi 7 et Samedi 8 août: ORCHHA - KHAJURAHO (Madhya Pradesh)

Vive la médecine!! Le lendemain au réveil, les maux de la veille ne sont plus qu'un mauvais souvenir... Bien sûr, encore faibles, nous restons prudentes, ce qui se traduit par un petit-déjeuner composé de bananes et de toasts. Vu notre état, je réserve un taxi pour nous conduire à Khajuraho au lieu du bus local non climatisé prévu initialement.
En admirant la vue depuis le petit balcon de la chambre, qui donne sur la rivière, j'aperçois la perf' vide de Céline qui enguirlande un arbuste... C'est tout de même hallucinant de voir qu'un médecin éduqué choisisse de balancer du plastique par la fenêtre d'un hôtel de luxe, dans une nature magnifique, plutôt que dans la poubelle au pied du lit...

Je visite la propriété et l'hôtel avec son manager, qui me conte l'histoire des maharajas qui régnaient sur Orchha. L'hôtel est tout simplement magnifique; il appartient dorénavant au petit-fils du dernier maharaja. Puis je file visiter les temples de la ville avant qu'il ne ferment (vers 12H30 le plus souvent).

Orchha a des allures de village médiéval, et le temps semble s'y écouler plus lentement. Des cénotaophes plus ou moins anciens bordent la rivière. Un marché installé au pied des temples ducoeur de la ville s'étend sur un jardin.

Le Bundelkhand Hotel

Je visite d'abord l'imposant Ram Rajah Temple, et accède à une splendide vue de la ville par des escaliers pentus et étroits aux marches hautes. Bien sûr, un jeune Indien en a fait son business et éclaire les touristes de sa torche (et de ses explications). A chaque étage où l'on peut marquer l'arrêt, des ouvertures sans vitres ni barrières. Puis, au dernier étage, la "terrasse" donne vue sur la ville et sur le prochain temple de mon itinéraire, le Chaturbhuj. De couleur blanche aux dômes orangés, il se distingue de tous les autres monuments de la ville en pierre grise.

La visite de ce deuxième temple sera une expérience totalement différente. Beaucoup plus fréquenté pour les prières, j'en fait vite le tour, un peu mal à l'aise face à tous ces regards inquisiteurs. Que fais-je là, moi, blanche impure qui ne venère pas les mêmes Dieux que tous ceux ici présents? Avant de quitter l'endroit, j'observe tout de même les divers rituels s'accomplir. Partout des ouvertures du mur renferment des salles de prière, dans l'une d'elles des Indiens comptent de l'argent étalé par terre (comme souvent dans les temples). Sur le sol bouillonant, un homme est accroupi, touche le sol puis se touche le front, avant d'aller s'agenouiller un peu plus loin.

Terrasse de notre hôtel

Mes pas me mènent ensuite au Palais du Rajah Mahal (250 roupies), bien conservé, même si la faïence bleue qui le recouvrait autrefois entièrement a disparu. J'erre sans guide au milieu de ces pierres empreintes d'Histoire et prends mon temps. Je grimpe les marches et gagne de la hauteur, admire les vues qui s'offrent à moi, écoute les prières chantées d'un temple voisin.

Puis, je passe aux choses sérieuses, à savoir les visites d'hôtels pour mon boulot. Je tombe sur des managers très sympas; tous veulent m'offrir le repas. Je décline les invitations pour deux raisons; un le manque de temps, devant repartir pour Khajuraho quelques heures après; deux mon estomac n'est pas encore prêt à remanger normalement.

Notre hôtel (salle de réception)
Salle à manger

En milieu d'aprem, je rejoins Céline sur le bord de la piscine de l'hôtel, pour une heure de farniente bien méritée. C'est avec regret que je quitte l'endroit (la ville et l'hôtel) pour la prochaine étape; on nous offre un petit bouquet de fleurs à notre départ, c'est beau le luxe quand même... 3H30 plus tard, nous voici à Khajuraho, autre ville célèbre pour ses temples et leurs sculptures érotiques (entre autres) de qualité.

Un rickshaw, différent de ceux de Delhi
Le temple Chaturbhuj à Orchha
Vue sur Orchha
Palais du Rajah Mahal

L'hôtel de Khajuraho, le Greenwood, est décevant; mauvais accueil, un peu glauque, je n'ai pas aimé. Je décide d'écourter mon séjour là-bas (logiquement de 2 nuits, mais je me rends compte que pour se rendre à Bénarés il faut 6H de bus et 12H de train... je décide donc de remplacer la nuit d'hôtel du lendemain par une nuit de train et de profiter plus de Bénarès).

Nous ne disposons donc que d'une demi-journée pour visiter les temples de Khajuraho; après un bon petit-déj' (premier vrai repas pris depuis la mésaventure gastrique) pris sur la terrasse du Mediterraneo, restaurant italien qui fait pain, croissants et muffins maison. J'achète des rhakis (bracelets) pour mes frères dans la rue principale pour la fête des frères; un Indien nous aborde, heureux de constater qu'on s'intéresse de près à la culture de son pays.

Un temple de Khajuraho
Sculpture érotique

Heureusement, le parc à temples est à deux pas; nous en visitons 2 sur 7 mais je prends le temps d'admirer les frises extérieures, hallucinantes de par la précision et le détail des sculptures. Les temples sont très bien conservés. Par contre, j'ai beau lire le routard, je ne trouve ni la scène de sodomie du cheval ni celle des éléphants en fête; déçue, il faudra que je revienne un jour avec plus de temps devant moi! C'est avec regret que je quitte l'état du Madhya Pradesh...mais je suis très excitée de connaître enfin Bénarès (Vanarasi)!


Mercredi 5 août et jeudi 6 août: AGRA (Uttar Pradesh) et le TAJ MAHAL

(Pour l'histoire intégrale du Taj Mahal, retrouvez Céline et son blog: http://delhi-lama.blogspot.com/2009/08/le-taj-mahal-il-etait-une-fois-une.html), très bien rédigé.

Avant de commencer le récit de cette deuxième étape, marquée bien sûr par la visite du Taj, un petit mot sur le festival des frères et des soeurs qui a eu lieu le 5 août au Rajasthan. Mais lisez plutôt :
"La fête des frères et des sœurs, cela pourrait ressembler à une nouvelle invention des sociétés de marketing. (...) Raksha Bandhan est pourtant une fête ancienne, issue de l'hindouisme. On la célèbre à travers l'Inde, bien que les noms changent selon les régions. Et surtout, les raisons de commémorer ce jour. Car si dans la plupart du pays, surtout la partie nord, les frères et sœurs sont à l'honneur, la dernière pleine lune avant la fin de la mousson peut aussi avoir d'autres significations. Raksha Bandhan, qui en hindi et punjabi veut dire « le lien de la protection », est un festival qui dure toute la journée. Au lever du soleil, les femmes préparent un thali (plateau de nourriture) spécial, qu'elles décorent et agrémentent de toutes sortes de gourmandises. Elles prient pour que leurs frères aient une longue vie, pleine de réussite, et leur nouent un bracelet au poignet droit, le rakhi. Puis les hommes promettent de protéger leurs sœurs et prient aussi pour leur bonheur. En général, on s'échange aussi des cadeaux de toutes sortes : sucreries, vêtements, parfums… et même quelques roupies, qu'offrent les frères en général. La famille se retrouve ensuite le soir, en compagnie des parents et cousins, pour un grand repas. C'est un moment très apprécié des Indiens car il permet de se réunir entre êtres chers et de déguster les délicieux mets concoctés par la maîtresse de maison. Il arrive que frères et sœurs sortent se promener autour de la maison dans la soirée. Parfois séparés géographiquement après le mariage de l'un ou de l'autre, c'est une opportunité pour eux de se retrouver seuls pour converser." (Aujourd'hui l'Inde)


Le cappuccino fatal?!

Prêtes à prendre un bus local (non climatisé, nous avons raté de peu le seul bus climatisé de la matinée) pour Agra, nous prenons un cappuccino dans la gare de Jaipur... fatale erreur, je ne sais même pas quelle idée on a eu de commander ça. Il ne nous a pas du tout inspiré, mais nous y avons quand même trempé les lèvres, pour ne pas vexer le garçon qui revenait voir si tout allait bien toutes les 10 minutes. Toujours, toujours suivre son instinc en Inde...

Nous voici donc sur la route, quelques 5H de trajet si je me souviens bien, dont une pause déj' de 10 minutes, et on nous lâche au milieu de nulle part, paraît-il non loin du Taj Mahal. Comme d'habitude, on se fait arnaquer par le touc touc, qui laisse sous-entendre que l'hôtel est loin alors qu'il faut moins de 10 minutes pour s'y rendre... Grande bâtisse blanche prometteuse; nous sommes accueillies à coup de couronnes florales et boissons de bienvenue. Comme il est déjà un peu tard pour une visite du Taj ou du Fort rouge, nous décidons de tester l'ambiance de la ville d'Agra. Perchées sur une grande étendue de détritus, nous apercevons au-loin, par-delà la rivière Yamuna, le "Baby Taj", une réplique du célèbre palais, qui repose un peu plus loin à droite. Je n'aime pas Agra; la ville est moche et les gens sont malaimables comme à Delhi.
L'Inde et ses contrastes: admirez sur la partie supérieure de l'image l'une des sept merveilles du monde, un palais absolument parfait... et sur la partie inférieure de l'image, une décharge de détritus dans la nature...

Le soir, le manager nous invite personnellement profiter du buffet de l'hôtel, et nous pouvons nous offrir le luxe d'un verre de vin. Je dis luxe car le vin en Inde se trouve difficilement et reste cher... je n'aurais d'ailleurs jamais cru que cela me manquerait autant!! Si le buffet est bon et si nous nous remplissons la panse, le vin est décevant, pétillant et chaud! Nous ne tardons pas trop à nous coucher, afin de nous lever aux aurores pour vois la brume se lever sur le Taj Mahal le lendemain...

Comme prévu, lever aux aurores le jeudi; chouette, on va vivre le Taj au réveil!!! Sauf que... le Routard a ommis certaines informations capitales à une levée de brume sur Taj réussie. Par exemple, que les billets d'entrée (750 roupies, un petit luxe) ne s'achètent pas à l'entrée du Taj mais un peu plus bas dans la rue, là où les rickshaw lâchent les touristes (car les environs proches du Taj interdisent tout moteur polluant dans un effort de protection du site). Puis, ce que ne signale pas non plus le Routard, c'est qu'une fois qu'on a fait trois fois le trajet (et que l'on a déjà de toute façon raté les aurores du Taj), on est fouillés à l'entrée et sommés de mettre tabac, nourriture, téléphone, MP3, feutres etc en consigne, là où l'on a acheté nos billets... Alors on râle, on hésite à laisser nos biens précieux dans des boutiques de raccoleurs, et puis on fait comme tout le monde, on abandonne, on les laisse par flemmardise, et puis parce que on veut le voir, vite vite, ce Taj, et on se dit que tant pis, au pire on devra acheter un horrible souvenir de la boutique au retour.


Le palais ne nous est pas offert à la vue de suite, on entre par une porte qui mène sur une grande allée, et à droite se trouve une autre entrée, qui cache le palais. Comme si l'amour qu'il représente devait être préservé des regards indiscrets... On avance, et tout à coup on l'aperçoit, ce palais merveilleux, si symétrique, si blanc, si parfait. Indescriptible guimauve blanche. Preuve d'amour de l'empereur Shah Jahan à sa femme morte en couches, on raconte que l'empereur a fait assassiner la femme de l'architecte afin qu'il comprenne sa douleur et construise le plus beau mausolée existant... pari réussi, après 22 ans de dur labeur.

Rho...prise en flag'!

Le fort rouge
Après ces émotions, retour à l'hôtel pour petit-déjeuner, avant de visiter le deuxième monument phare d'Agra, le Fort Rouge... Je regrette presque de ne pas avoir pris de guide, je trouve ce Fort du XVIe passionant, riche en art et en architecture, et si grand... Arrivée dans les parties refaites par l'empereur Shah Jahan, en marbre blanc et non plus en grès rouge, une vue imprenable sur le Taj se dégage. Pour la petite histoire, c'est la vue qu'aurait eu l'empereur pendant les 8 années précédant sa mort, lorsque son fils le destitua et l'enferma dans cette tour. Ainsi, il pouvait admirer la tombe de sa femme décédée. Lorsque Shah décéda à son tour, alors qu'il aurait dû reposer au Baby Taj, son fils fit mettre sa tombe à côté de celle de Mumtaz Mahal, rompant ainsi la symétrie parfaite du Palais mais réunissant par la même occasion les deux amoureux. Je rejoins Céline, la tête pleine de songes. Le soleil tape, il est temps de faire un plongeon dans la piscine de l'hôtel avant de reprendre la route par le train en direction de Jhansi, gare proche d'Orchha, notre prochaine étape...



Pas si vite... la piscine se transforme en sieste à l'hôtel, bizarrement ni moi ni Céline ne sommes très en forme... c'est elle qui sera foudroyée en premier, une heure avant de prendre le train, à coup de vomissements et autres maux indiens. S'ensuivra un trajet de 3H de train plutôt affreux (même si le train couchettes, le Keraka Express, celui qui se rend dans le Sud en 40h, est plutôt confortable), entre Céline qui court aux toilettes régulièrement et moi qui ne me sens pas très bien... Au paroxysme du mal à la sortie de gare, nous luttons pour marcher; je n'ai pas le courage d'enlever le pull que j'avais enfilé pour contrer les effets de la clim', pas plus que je ne l'ai pour prendre en photo la vache qui, le museau collé à la vitre d'un train, a l'air de dire au revoir à un bien aimé. Ecoeurée par une enfant qui fait ses besoins sur le quai de la gare, je vomis à la sortie, devant ... un rat qui passait par là...

Même si en Inde parler diarrhée ou vomissement devient un sujet banal, même lors de rencontres avec des touristes inconnus, je vous épargne les détails de notre soirée. Malgré le cadre magnifique qu'offre notre hôtel à Orchha, le Bundelkhand Riverside, nous restons clouées au lit, un docteur à nos côtés, plutôt efficace. Céline connaît sa première perf'; pour ma part je m'en sors bien, avec juste une grosse fièvre et des douleurs dans tout le corps, mais pas de maux de ventre. Vers minuit, nous émergeons et sortons faire un tour sur les toits de l'hôtel: c'est la pleine lune et elle se reflète dans la rivière Bettwa, presqu'à sec. C'est un endroit magique dont je tombe amoureuse instantanément!
Trajet de bus Jaipur - Agra (5H, environ 200 roupies)

Mardi 4 août: JAIPUR (RAJASTHAN)

Comme prévu, Sunny passe nous prendre à la Doongri le matin, après un petit-dej revigorant. La classe d'avoir un guide local personnel pour la journée, qui plus est nous ouvre sur sa culture et sa région. En chemin pour la ville rose, nous marquons une pause photo au Raj Mahal, un palais qui flotte sur l'eau.

Le Raj Mahal

Nous commençons par la visite de certains hôtels de Jaipur (boulot oblige). Sunny connaît tout et me fait un petit circuit; je visite, je rencontre les managers, je bois des verres d'eau fraiche; je prends des photos. J'aime bien cette partie de mon travail aussi, je me représente mieux ce que l'on vend et le type de clientèle à laquelle l'hôtel peut correspondre.
Certains hôtels sont établis dans des Havelis, anciennes demeures nobiliaires; l'une d'elles, la Alsisar Haveli, est tout simplement magnifique, et vaut le détour au même titre qu'un musée.
Cet instrument Guilhem, je l'ai acheté pour toi!

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L'heure est au shopping: sans perdre de temps, un peu à l'écart des bazaars de la ville, nous voici au "Textiles Village". Un homme nous reçoit et nous fait une visite/ démonstration express de l'endroit et des différentes tâches menant à la fabrication de tissus. Puis c'est parti pour le rituel commun à toute fabrique de textile: roi client s'installe confortablement dans la caverne d'Ali Baba, un petit thé lui est offert, un assistant arrive et hop, c'est parti pour un déballage rapide et efficace de dizaines de matières aux couleurs et motifs différents. Aux prix différents aussi; de 350 roupies à 9000 roupies pour un dessus de lit par exemple, selon la qualité.
On enchaîne par le processus d'élimination assisté: on remontre le tout une dernière fois au client, qui acquiese d'un signe de tête s'il veut garder la pièce en dernier choix. Le reste est immédiatement replié et rangé. Après les tissus, c'est au tour des étoles de soie et de cachemire, puis des saris, des costumes, etc. Il est possible de se faire faire un vêtement sur mesure livré le soir même à l'hôtel...

Un pédaleur de pousse pousse bien sympathique

Et puis soudain, le drame. Un premier petit choc culturel vécu en live. Sunny prend mal le fait que Céline ne tienne pas à ce qu'il voit certaines photos d'elle (sur mon appareil) et nous faisons maintenant face à un mur. Un mur de prison même!! Il nous faudra plus d'une heure, un café et de nombreuses tentatives d'explication pour qu'il se détende à nouveau; apparement heurté dans sa sensibilité car il nous considère déjà comme des amies. Je ne pense pas que cela soit propre à l'Inde, mais j'ai déjà vécu des situations similaires au Pérou (quoique moins extrêmes); c'est assez étrange et toujours incommodant de faire face à de telles différences culturelles.

Un temple dédié à Khrishna, à côté du Hawas Palace

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Jaipur, la ville rose mais pas seulement. Pour moi elle est aussi jaune, bleue, rouge. Les arcades de la ville sont comme les poupées russes, des villes dans la ville, qui s'imbriquent parfaitement... Après réconciliation, Sunny nous laisse quartier libre et propose de nous reprendre vers 19H pour nous rendre à un festival qui célèbre la mousson (pourtant pas très présente cette année), qui a lieu au Sud de la ville. Nous avions prévu de nous rendre au cinéma (la salle de Jaipur est réputée pour être la plus belle d'Inde) mais tant pis, mieux vaut faire ce qu'on ne pourra pas faire une fois de retour à Delhi.

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Direction le Hawa Mahal, le Palais des vents, qui n'est en fait plus qu'une façade; ce palais permettait aux femmes d'observer l'agitation de la rue sans être vues... Grosse déception, nous arrivons trop tard pour les visites... en soi ça n'est pas grave, je voulais juste capturer quelques clichés dans mon appareil, seulement la porte de la cour intérieure qui mène à la célèbre façade est fermée... C'est très typique de l'Inde du Nord ça, de cacher les monuments derrière des portes (cf le Taj Mahal...)!
De dépit, nous pénétrons dans un temple rose adjacent; bonne surprise, nous nous posons une bonne heure sur une musique typique et jouons avec une adorable petite gamine aux cheveux courts, un peu farouche mais que Céline arrive finalemeent à apprivoiser. Le temple, dédié à Khrishna, avait été construit en attendant la construction du Palais des vents.
Sur le retour, nous passons par le Badi Chaupar bazaar, le marché aux bijoux, et en ressortons avec des bangles, ces bracelets que les Indiennes se mettent par dizaine sur les deux bras. Il paraît que, lorsque l'in est sur le point de se marier, il faut porter un set rouge...

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19H00. En route pour le festival. C'est en fait un petit village éclairé qui évoque un décor de conte de fées, avec des petites maisonnettes et abris en adobe et/ ou en bois, dédiés à un art, une coutûme ou une représentation. Quelques exemples: la représentation de la caste des intouchables qui travaillent le fer et dorment dans leurs charettes, des démonstrations de danses sur une estrade, un petit spectacle de magie, des voyants qui lisent les lignes de la main, un stand de cuisine, etc. On goûte à tout, teste tout, y compris le tour en éléphant. Aucun touriste n'est présent, c'est agréable de sentir l'atmosphère indienne du lieu...
Pour dîner, il faut quitter temporairement l'enceinte du petit village et s'assoir en tailleur devant une rangée de tables basses. De grosses bobines en bois sont à disposition, pour soutenir les genoux (très pratique!!). Sur notre table, 2 pots de terre de forme et taille inégales, et de nombreux récipients en feuilles de la jungle empilés les uns sur les autres. Commence alors un service original, rapide et efficace. Les serveurs se succèdent les uns après les autres avec de grands récipients de boissons et nourriture. On nous sert ainsi de l'eau et du lassi salé, des sauces et des graines de la jungle, un tout petit pot de beurre (toujours fait de feuilles), toutes sortes de pain plat, des louchées de plats végétariens en sauce, certains plus épicés que d'autres... En déssert, un genre de bouillie de blé concassé dans lequel on rajoute un liquide bouillant (du beurre fondu?) et du sucre, et les fameux beignets couleur orangée très sucrés et très gras, dont j'ai encore oublié le nom. Pour finir, une dernière chose, le papadum, cette grande chip digestive que l'on sert en Europe à l'apéro... Repus, nous retournons à l'intérieur du village paisible pour une bonne demi-heure, à discuter au clair de lune, avant de prendre le chemin du retour. En passant devant une échoppe, j'ai le malheur d'exprimer ma curiosité devant de grandes feuilles vertes qui flottent dans une bassine d'eau... Sunny en demande une immédiatement malgré mes protestations; c'est une feuille de rose, que l'on garnit de tout un tas de pâtes plus ou moins solides et de graines, et que l'on roule ensuite comme une cigarette. Nous la partageons avec Céline; alors que je croque timidement (me vient à l'esprit l'idée que ceci pourrait être l'erreur fatale, cause du fameux "mal indien" -la diahrrée-), on nous somme de tout mettre dans la bouche. A dire vrai, ça n'est pas mauvais, un grand mélange de différentes saveurs. Mais je la recrache discrètement, tout de même on ne sait jamais...
Fin de soirée encore plus atypique pour nous touristes: il se trouve que Sunny est le fils des propriétaires du cortège d'éléphants de Amber, ceux-là même que nous avions aperçus la veille. Nous allons donc leur faire une petite visite surprise dans leur étable, à deux pas de notre guesthouse; les éléphants, attachés aux pieds par de grosses chaînes, sont en train de manger. Quelques minutes et photos plus tard, nous voici en train de les escalader pour nous nicher au sommet de leur crâne! C'est haut un éléphant, je fais la fière 5 minutes et puis ho, il bouge beaucoup celui-là, qu'est ce qu'il a à vouloir manger comme ça? Je redescends bien vite ;)


Retour à la Doongri où Hameed, le mari de MN, nous apprend l'art de la méditation au clair de lune... L'Inde, c'est aussi ça, oublier le stress de la vie quotidienne et tout simplement (paradoxalement) PRENDRE LE TEMPS de vivre.